Spirou, le journal d’un ingénu, d’Émile Bravo. Éditions Dupuis.
Il a l’air un peu nigaud, Spirou, dans son costume de groom désuet. Fantasio, lui, n’a pas besoin de costume pour
paraître ridicule.
Il faut remonter un peu dans le temps pour comprendre le destin de ce jeune Belge moyen.
C’est ce que nous propose Émile Bravo, à qui il a été donné d’écrire une aventure du héros phare de la maison Dupuis.
Nous sommes à Bruxelles, en octobre 1939, la guerre menace. Spirou
travaille dans un hôtel, et s’occupe d’une bande de gamins dont le
passe-temps favori est de jouer au foot sur un terrain vague en
se tapant dessus.
Ça chauffe entre le « fils de fasciste rexiste pourri » et le « gros
fils de sale communiste »… La politique en culottes courtes. Spirou,
complètement à côté de la plaque, a le
chic pour les réconcilier : « Et n’oubliez pas : nous sommes tous
belges avant tout… » Sauf le fils d’immigré espagnol… Fantasio, piètre
reporter people dans un quotidien
bruxellois, rôde autour de l’hôtel où nichent une modiste reconnue et
son célèbre boxeur d’amant. Y nichent aussi Glaubitz, secrétaire de
Ribbentrop, et trois émissaires polonais qui cherchent à
éviter la guerre et à sauver leur pays. Voici notre ingénu plongé au cœur de son époque. Sur sa route, une jeune femme de chambre, bien plus
dégourdie, pour qui il a le béguin : « Je ne
crois pas à l’identité nationale… L’identité nationale, c’est toujours
celle du pouvoir en place, et c’est tout ! » 1939 ?
Source : L'Humanité
Article de Pierre Dharréville
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire