Aujourd’hui nous avons l’honneur de recevoir sur ce blog, Lewis Trondheim qui a accepté de répondre à quelques questions.
Les Amis de Jules : Bonjour Lewis, comment vous êtes vous rencontré avec Émile Bravo et pourquoi avoir décidé de travailler dans le même "Atelier" (Atelier Nawak (1992) et ensuite l'atelier des Vosges en 1995)? (Période où l'on trouve très peu de trace écrite)
Lewis Trondheim : Je crois me
souvenir qu’Émile connaissait David B. Il est venu sur le stand de
l’Association à Angoulême en 1992, il nous a dit que ce qu’on faisait était
super, et qu’il serait ravi de nous aider. Je lui ai répondu qu’il pouvait
adhérer pour 100 francs à l’Association. Je n’avais pas compris qu’il était
dessinateur et qu’il proposait de faire des histoires.
LADJ : Quelle était votre méthode de
"travailler" dans ces ateliers, chacun dans votre coin ou vous vous
aidiez mutuellement sur tels ou tels projets?
LT : Chacun travaillait sur ses
projets. Et si l’on avait un doute à un moment on demandait aux autres. Mais on
n’allait pas derrière les tables de chacun donner notre avis sans qu’il ait été
demandé.
LADJ : Comment c'est terminé cette aventure?
LT : Brigitte et moi avons
quitté Paris en 1994, laissant l’atelier derrière nous.Quelques mois plus tard, Nawak
déménageait place des Vosges et changeait de nom.
LADJ : Vous êtes un des membres fondateur de
l'Association (1990)... Émile Bravo n’a réalisé qu’une planche dans le Comix
2000 et plus récemment dans Mon Lapin n°1 en 2013 et Mon Lapin n°4 en 2014.
Pourquoi n'a-t-il jamais été tenté de réaliser de BD pour votre maison
d'édition, un moyen pour lui de toucher un autre public? Mais il est vrai que
ce n'était peut être pas son souhait.
LT : Quand on voit la qualité
de son Spirou et de Jules, on se demande ce qu’il ferait à faire des livres à
l’Association, mais sait-on jamais.
LADJ : Vous avez réalisé comme scénariste des
"Pattes de mouche" avec Frank Le Gall au dessin "Les aventures de
la fin de l’épisode" ou Jean Luc Coudray "Nous sommes tous
morts" Pourquoi ne pas tenter l'expérience avec Bravo?
LT : C’est une question de
moment, je pense. Avec Le Gall, on se voyait dans le sud.
LADJ : Émile Bravo n'a t-il jamais été
contacté pour un Donjon? Cela ne le tenterait-il pas?
LT : Émile est plutôt ce qu’on
appelle un auteur complet et il aime passer des messages dans ses albums, se
mettre totalement au service d’un autre scénariste et d’un autre univers en
faisant en plus juste une « fantaisie » n’est certainement pas dans
son tempérament.
LADJ : D'où est parti l'échange entre vous et
Émile par BD interposé? (Approximativement/Cornélius)
LT : En annexe du recueil
approximativement, j’avais demandé à chacun de faire un petit texte correctif
sur ce que je racontais de chacun. Il n’a pas dû bien comprendre et à dessiné
une page de bd.
LADJ : Et pourquoi l'avoir représenté en
Panda?
LT : Je ne sais jamais trop
pourquoi… Je trouvais que ça lui ressemblait un peu.
LADJ : Selon vous, quelles sont les
principales différences entre vous et Bravo concernant l'approche de la bande
dessinée?
LT : Je suis beaucoup plus
instinctif. Ce qui n’est ni une qualité, ni un défaut en plus.
LADJ : Est-ce que Bravo n'est pas plus marqué
par la bande dessinée franco-belge que vous ne pouvez l’être?
LT : Je le suis, mais
l’animalier chez Disney m’avait aussi formaté l’esprit.
LADJ : et que pensez vous de la ligne claire?
LT : Je n’ai aucune idée de sa
définition.
LADJ : Vous qui auriez, selon certaines
sources, dessiner un Tintin sur scénario de Benoît Peeters, n'avez-vous pas le
sentiment que le meilleur Tintin de ces dernières années est le Journal d'un
Ingénu?
LT : Non, Spirou reste Spirou
dans les pattes d’Émile. Mais les deux personnages se ressemblent sur l’aspect
coquille vide.
LADJ : Vous lisez j'imagine beaucoup de bd?
Qu'avez-vous lu récemment qui vous a ému ou plus simplement que vous avez aimé?
LT : Zai zai zai zai de
Fabcaro.
LADJ : Quels sont vos auteurs de bd préférés?
LT : Ceux qui ont su me nourrir
à certaines périodes.
LADJ : Sur quels projets travaillez-vous en
ce moment?
LT : Bien trop pour le résumer
ici.
LADJ : Vous habitez à Montpellier, je crois,
et Émile à Paname, trouvez-vous encore du temps pour vous rencontrer? Pour
échanger?
LT : On a passé 3 semaines
ensemble à Fidji (on a fait des cartes postales ensemble depuis là-bas - dans
les Petits Riens). Presque autant en Argentine avec Berberian, Sattouf et
Sapin. Il est venu 2 fois finir son scénario de Spirou chez moi. Mais sinon, on
se voit assez peu.
Merci Lewis d’avoir consacré un peu
de votre temps à répondre à nos questions.
Et merci aussi à Totoche Tannenen,
Klare Lijn et Patrick G. pour leur aide.
Extrait de "Les petits riens de LT" Mon ombre au loin |
Extrait de "Les petits riens de LT" Le bonheur inquiet |