Imperfettu
hè
u futuru, premier tome de la série U tremendu viaghju di Ghjuliu, une
BD traduite en corse par des collégiens. Un petit rouquin devant un
vaisseau spatial en couverture: l'album fait étrangement
penser à "L'imparfait du futur", premier tome de la série "Les
épatantes aventures de Jules", réalisé il y a quelques années par Emile
Bravo. Et pour cause! C'en est la traduction
fidèle. Déjà,
jadis, "Astérix en Corse" puis récemment "L'enquête corse" de René
Pétillon avaient été traduits mais cette nouvelle entreprise est tout à
fait originale puisque les traducteurs sont des collégiens, une
cinquantaine d'élèves de 5e du collège Simon Vincinguera de
Bastia.L'an
dernier, avec Marylène Giamarchi et Pierre Albertini, leurs
enseignants en langue corse, ils ont passé un long trimestre à
traduire l'intégrale de l'aventure du petit Jules, enfant surdoué mais
victime d'une erreur de calcul de savants un peu fous et se
retrouvant coincé dans une faille temporelle.Exercice
pédagogique mais exercice
de traduction littéraire grandeur nature aussi qui a tellement plu au
rectorat de Corse et à la Collectivité territoriale qu'ils en ont
soutenu financièrement l'édition. Publié chez Alain Piazzola
(livres sur l'histoire et le patrimoine de la Corse) en partenariat
avec Dargaud, l'éditeur d'Emile Bravo, l'album a été tiré à mille
exemplaires.
"Je suis super fier et très ému", a dit Emile qui ne parle pas un mot
de corse. "Je suis prête à recommencer à patronner une telle aventure", a
renchérit Nicole Deriu, la principale du collège qui
ne parle pas beaucoup plus corse mais qui "aime depuis toujours la BD"
et qui "en tant qu'Alsacienne, se sent très à l'aise dans cette
entreprise".Ceux
qui connaissent le corse, comme Dominique Mattei, la directrice du
festival, assurent que "c'est totalement
réussi". Elle se plaît aussi à "avoir apprécié une langue coulante,
simple, vivante au moment même où se développe une tendance à figer
l'écriture du corse dans un académisme inaccessible aux
corsophones eux-mêmes".
"Nous avons voulu en effet utiliser un langage familier, proche des
gens, populaire au sens noble du terme, nous y avons mis un point
d'honneur. Et nous n'avons pas hésité devant les néologismes,
les inventions linguistiques, ce fut notre plaisir", ont expliqué les
enseignants. "Le corse reste une langue bien vivante mais il subit un
processus de dépérissement chez les jeunes générations.
S'il se fossilise, ce sera perdu", ont-ils ajouté.Quant
à Erwan, Ghjulia,
Marie-Do et les autres, aujourd'hui en 4e, ils se disent "ravis" sinon
prêts à recommencer ce qui fut "galère" parfois ("comment dit-on
galère?" "Oh la la aucune idée!") mais quand même "bien
plaisant". Et comme de vrais auteurs, ils se sont pliés à la dédicace
de "leur" album.
Source: AFP
Date: Avril 2005
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