jeudi 21 juillet 2011

Planète BD n°50, juillet 2011...

Émile Bravo, dans planète BD, n°50 du mois de juillet 2011.
Information trouvé sur l’un des excellents sites de Brieg F. Haslé : Brieg F. Haslé
Vous pouvez vous procurer cette revue, soit par abonnement soit en commandant le numéro chez Hachette Collection

mardi 28 juin 2011

Aidons, les Requins Marteaux...

Comme nous l'avons fait auparavant pour les salariés de l'association il y a quelques mois, nous faisons encore appel à votre bon cœur, pour sauver les requins marteaux .
 
 
 
 
Message de Franquy
 
Bonjour à toutes et à tous !
J'espère que vous allez bien. Si je m'adresse à vous aujourd'hui c'est pour vous annoncer une bonne et une mauvaise nouvelle.

Commençons par la bonne... Et bien, la bonne c'est que nous sommes installés sur Bordeaux depuis plus de deux mois et que tout se passe à ravir. L'équipe est en pleine forme, nous avons endigué toutes les dépressions nerveuses et les tentatives de suicide se font de plus en plus rares... C'est sûrement dû à la proximité de la mer !

La ville est accueillante et il n'a fallu que quelques semaines pour s’intégrer au dynamisme culturel bordelais. J'en veux pour preuve l'exposition d'Amandine Urruty à la Mauvaise Réputation qui a pété tous les scores en terme de fréquentation. La première édition de la FMAC 33 (Fondation Meroll pour l’Art Contemporain en Gironde) à la librairie Mollat aura marqué à n’en pas douter les cœurs et les esprits… Il devrait en être de même lors de la future projection de Villemolle 81, notre dernier long métrage, qui sera organisé le 9 juin à l'Utopia.


La mauvaise, vous vous en doutez peut-être déjà c'est que nous sommes dans une sale passe... On peut invoquer pas mal de raisons, la crise qui touche le secteur, des livres de qualité certes mais difficiles et quelque peu onéreux… Mais c’est comme ça ! On aime chacun de nos bouquins et nous sommes extrêmement fiers de ce catalogue qui donne tant de sueurs froides à nos représentants et si peu de satisfaction à notre banquier.

Comment nous en sortir alors ? Nous sommes en train d’explorer plusieurs pistes. Premièrement, il est hors de question de couiner en vous demandant de faire des dons à notre gentille association. Non ! Non ! et re-non!
Pour régler notre problème de trésorerie, qui s’élève tout de même à plus 60 000 € (oui, 60 000), nous allons vous mettre face à vos responsabilités chers amies et amis des Requins Marteaux !

Car ces 60 000€ nous les avons! Nous les avons sous forme de livres, de t-shirts et autres bienfaits de la société de consommation.
Vous les achetez ? Nous sommes sauvés ! Vous les achetez pas, et bien les Requins Marteaux finissent comme Jimi Hendrix !

Après tout pourquoi pas ? Bon je dis ça mais en même temps, non pas que ça me dérange de mourir dans du vomi et des supers accords de guitare, mais ça me briserait sérieusement les noisettes de fermer boutique !

Alors voilà, tout ce que j’ai à vous offrir, c’est une win-win situation !
 
Vous achetez nos trucs, on continue d’exister et du coup vous pouvez continuer d’acheter nos trucs et peut-être même vos enfants peuvent à leur tour acheter nos trucs et comme ça tout le monde est content ! Faites ce geste simple et nous serons sauvés… mais pour l’instant tout ce que je peux vous promettre ce sont des larmes et de la sangria !

Dans les jours et semaines à venir, les Requins Marteaux vont vous proposer un nombre impressionnant d’opérations commerciales destinées à renflouer nos caisses. Ventes de livres, d’originaux, projections de films, conférences, concerts, visites surprises chez nos amis libraires Bisous  et patati et patata ! (vous pouvez déjà télécharger notre affiche de soutien ici  et la placarder chez vous ou la distribuer dans la  rue)

Voilà! D'ici quelques mois nous saurons si une activité originale comme la nôtre a encore lieu d'être en 2011.
Et c’est VOUS qui allez en décider… Alors quelle qu' en soit l'issue, tout ceci se terminera dans une Méga Fiesta dont j'ai le secret dans un endroit connu de moi seul !

Bonne chance à nous tous et big bibi de la part de…
 
FRANKY

 

mardi 21 juin 2011

Atelier des Vosges

L'atelier où l'on bulle
Télérama n°2506 du 21 janvier 1998
Article écrit par Cécile Maveyraud
 
Ils avaient le blues du créateur solitaire.
Alors ils ont mis en commun leurs idées et leurs planches à dessin. Et ça bouillonne.
 
Lorsqu'en 1974 André Franquin reçoit le premier Grand Prix du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, Joann Sfar et Christophe Blain s'éclatent encore à la maternelle et Emmanuel Guibert planche sur les divisions avec virgule.
Aujourd'hui, la manifestation fête sa vingt-cinquième édition (du 21 au 25 janvier), et les albumsdes gamins, devenus auteurs de BD, y sont en compétition.
La Fille du professeur, du duo Sfar-Guibert, et La Révolte d'Hop-Frog, desinée par Christophe Blain, concourent dans la catégorie Coup de coeur, réservée aux auteurs ayant publié moins de trois albums.
Plus tard, peut-être seront-ils en lice pour l'Alph'art du meilleur album, du meilleur scénario, ou de la BD d'humour...
Concurrents d'accord, mais copains d'abord, ils partagent le même atelier, place des Vosges, lieu chic et touristique du Paris historique. Cinquante mètres carrés sur cour, au premier étage d'un des deux immeubles de brique restés encrassés par la patine des ans et la pollution.
Un atelier qui n'a rien à voir avec le studio Hergé, où dessinateurs et scénaristes s'activaient au seul profit du créateur de Tintin. Ici, les neuf locataires, dont la moyenne d'âge n'excède pas la trentaine, dessinent et peignent pour eux-mêmes, chacun selon son style et ses envies. Et dès qu'une place se libère, un nouveau venu, qui partage forcément des affinités avec le groupe existant, vient s'installer.
Cinq tables de travail en bas, quatre sur la mezzanine: chacune révèle le caractère de celui qui s'y penche.
... Fouillis sur l'immense planche de Christophe Blain. Rangement clinique chez Emmanuel Guibert. Désordre ordonné du côté de Joann Sfar. Les murs sont parsemés de vieilles illustrations de salle de classe, de croquis, d'esquisses, de factures à régler...
« L'atelier permet de rompre la solitude. J'en avais assez de travailler toute la journée chez moi, explique Christophe Blain. Et puis, venir ici, ça m'a fait chausser des bottes de sept lieues. »
Tous parlent d'émulation. « En fait, on dessine pour épater les copains », glisse Joann Sfar. Ce qui les réunit, c'est la volonté de dépasser les genres traditionnels. Leurs récits ont la couleur du western, du polar, de la science-fiction ou de l'heroic fantasy, mais avec un humour toujours décalé, un rien de poésie, quelques souvenirs personnels et des techniques proches de la peinture.
Les grandes scènes d'action ou les intrigues dans le pur style classique ne sont pas pour eux.« Je suis plus à l'aise quand je fais parler mes personnages de leur égoïsme ou de leur histoires minables » reconnaît Christophe Blain.
Cette nouvelle forme de BD intensifie les situations, donne aux caractères des ressorts psychologiques plus profonds.
Leurs héros ont aussi des faiblesses, des déchirures...
Depuis quatre ans, ces trois fondateurs de l' « Atelier des Vosges » sont inséparables.
Quand l'un d'eux vient à coincer sur un dessin ou sur un dialogue, les autres le sentent. Emmanuel Guibert se souvient de la première fois où Christophe Blain lui a demandé conseil: « Je n'avais aucune expérience de la vie en atelier et je le connaissais à peine. J'ai tenté d'être le plus pertinent possible. Mais sans être sûr de mes remarques. Et que fait Christophe? Il prend sa gomme, son Tipp-Ex et efface tout. »
Les critiques et le regard des autres sont essentiels, d'autant que chacun a ses obsessions. Une mise en scène boiteuse n'échappe pas à Christophe Blain. Une histoire qui manque de jus et Joann Sfar vient à la rescousse. Quant à Emmanuel Guibert, il est toujours soucieux du détail historique. Jeu de la complémentarité, jeu des influences, chacun apporte à l'autre son talent.
« A 11, 12 ans, souvent, les gamins s'arrêtent de dessiner. Nous, on a continué, dit Joann Sfar. On dessine comme on irait dans le bain s'amuser avec des jouets en plastique. » Follement ambitieux et minés par le doute, ils cultivent les paradoxes. « Dès lors que nous avons un projet en tête, nous sommes persuadés de pouvoir le réaliser. Nous avons une confiance illimitée en nos moyens, affirme Emmanuel Guibert. Mais à chaque fois que le crayon se pose sur la feuille, les certitudes s'effondrent. »
Etre auteur de BD, c'est être à la fois metteur en scène, dialoguiste, costumier, éclairagiste, architecte... « C'est le mode d'expression le plus démocratique qui soit, conclut Joann Sfar. Un papier, un crayon, et tu dessines une bataille avec deux cents personnages, ça ne coûte rien. »


 Émile Bravo en plein boulot vu par Emmanuel Guibert.

dimanche 5 juin 2011

Un nouveau prix, pour Ma maman est en Amérique....

Prix des écoles et de la bibliothèque Colette Vivier. ICI
Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill de Jean Regnaud et Émile Bravo vient d'obtenir le premier prix, catégorie CE1 - CE2, devant Robot mais pas trop d'Eric Simard (2ème prix), La tête ailleurs d'André Bouchard et Quentin Blake (3ème prix), Mission Impossible d'Agnès Desarthe et Anaïs Vaugelade (4ème prix) et Kimiko et le botaniste de Hideko Ise (5ème prix).
Félicitations

vendredi 3 juin 2011

Le retour de Jules...

La prépublication du tome 6 d'une épatante aventure de Jules est enfin disponible à la lecture dans le n° 3817 du journal de Spirou.
 "Un plan sur la comète" épisode 1/9
Avec en prime une interview de l'auteur...
11 pages de pur bonheur, précipitez vous chez votre marchand de journaux, pour découvrir le début de la nouvelle saga de l'été. 








 Une petite image pour vous en donner un avant goût... 






 

samedi 28 mai 2011

Un plan sur la comète... La semaine prochaine dans Spirou n° 3817

Après deux ans de travail, le tome 6 des aventures de Jules va enfin voir le jour... 
Info: Spirou n°3806 du 23 mars 2011, page 23
Extrait:
« Au final il lui aura fallu deux ans pour mettre au point son histoire, recommençant et recommençant encore la fin jusqu'à en trouver une qui lui plaise en décembre 2010.
(Emile prend particulièrement soin de ses scénarios, car pour lui la bande dessinée est avant tout une écriture;) Du coup, on peut définitivement fixer à début juin la date de son retour dans SPIROU (n° 3817).
Champagne! Cela dit, on n'aura pas attendu pour rien, car c'est un sacré morceau qu'Emile nous a concocté: 74 planches, comme toujours très denses, avec plusieurs histoires dans l'histoire, des extraterrestres, une dangereuse comète, des hommes d'affaires puissants et un Jules qui va devoir tenter de sauver le monde! Ca promet! Titre de cet merveille? Un plan sur la comète. On n'en tirera pas en disant que vous allez adorer! »
 
Bientôt chez votre marchand de journaux... 

jeudi 19 mai 2011

Émile Bravo sera présent le 20 mai 2011 à Valence au Lycée Français de Valence

Émile Bravo sera présent le vendredi 20 mai 2011 au lycée Français de Valence en Espagne, à l'occasion du prix 2011 de la BD des établissements français du Levant.
Émile Bravo sera le président du jury.
La proclamation officielle des trois prix aura lieu à 14heures.
 

lundi 16 mai 2011

Interview, par Cloneweb...

Entretien réalisé à St Ouen le 11 mai 2011 dans le cadre du festival Formula Bula par Cloneweb.
 

J’aimerais commencer par parler de vos projets audio-visuels, d’une part l’adaptation animée de Ma Maman est en Amérique par Stéphane Bernasconi et Jean Regnaud et d’autre part la future série télé Les Grandes Grandes Vacances. [10 épisodes de 26 minutes produite par Les Armateurs]
Pour l’instant il n’y a pas grand chose, je ne suis pas encore impliqué parce que j’ai beaucoup de travail. Pour Ma Maman, c’est Regnaud qui s’en occupe avec Bernasconi, c’est vraiment son histoire. Mais c’est un projet encore loin d’être terminé, en ce moment ils cherchent toujours des producteurs. C’est un long-métrage destiné à sortir en salles, c’est dur à vendre.

Lors d’une présentation du projet à l’occasion du Salon du livre jeunesse de Montreuil, on avait le sentiment que vous suiviez ça de loin, que vous donniez surtout votre approbation pour la partie graphique.
Oui, je n’ai vraiment pas le temps en ce moment avec le travail que j’ai, donc je me contente de valider ce qu’ils me montrent. Ils veulent que je m’implique un peu plus et je pense que le ferai. Pour Les Grandes Grandes Vacances, je ne m’occupe que de la bible graphique. J’ai été approché par les auteurs du projet, Delphine Maury et Olivier Vinuesa, j’ai trouvé ça très intéressant, mais là encore c’était une question de temps. Ils m’ont même proposé de faire un épisode ou deux, sachant que la Seconde Guerre Mondiale et les enfants, c’est un peu mon dada. Mais je n’avais pas le temps, donc j’ai juste fait la bible graphique… D’ailleurs ce n’est pas une bible à proprement parler car je n’ai fait que la création des personnages et pas les model sheets détaillées.


Là c’est un travail d’illustration pure et dure mais seriez-vous tenté par l’inverse ? Vous contenter d’écrire un scénario, pour qu’un autre le mette en images ?
Mais moi, quand j’écris une histoire, je la dessine ! C’est ma méthode de travail, c’est ce que j’appelle l’écriture BD, l’écriture graphique. Au lieu d’écrire, je mets en scène des personnages et je les fais jouer. Et j’ai besoin dès le départ de voir les attitudes et les expressions de mes personnages. Parce que qu’est-ce que la BD ? Simplement du dialogue. Et le dialogue, il faut le jouer si on veut qu’il soit bien dessiné. Donc autant le jouer tout de suite, autant le dessiner tout de suite, dès la conception de l’histoire.
C’est pour ça que lorsque j’écris une histoire tout est déjà dessiné, très rapidement, de façon schématique . [Ndr : il existe une édition spéciale du Journal d'un ingénu réservée aux libraires qui présente l'histoire sous sa forme ébauchée].

Vous ne partez donc pas avec un script en main pour ensuite passer au découpage, etc… Comment vous organisez-vous du coup pour vous donner une échéance ? En se disant par exemple qu’il va falloir atteindre 48 pages.
Alors moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça. Pour moi, c’est de l’écriture, donc à partir de là on ne demande pas à un écrivain combien de pages il va faire ! bon, je me suis formaté sur les Jules à 54 pages. Mais aujourd’hui j’en ai marre. Et quand je faisais Aleksis Strogonov, c’était libre, il n’y avait pas de pagination fixe. Ça me paraît évident, je ne peux pas fonctionner comme ça. Pour le prochain Jules, je dois encore remanier un peu la fin mais l’album fera environ 74 pages.

Parlons un peu de Jules justement. Je suis ravi d’apprendre qu’il y aura un sixième tome, j’avais l’impression que la série s’était arrêtée en 2006. Entre temps il y a eu votre Spirou, Journal d’un ingénu.
Oui mais j’ai fait ce Spirou pour attirer les gens vers Jules par la suite. C’est une série qui ne marche pas trop mal, elle est toujours en réassort mais je voulais lui donner un coup de pouce supplémentaire.

Je trouve qu’il y a une rupture entre le premier tome, qui est très science-fiction et les suivants, qui sont davantage ancrés dans le quotidien (même s’il y a toujours des éléments fantaisistes).
Il y a toujours un fond de science parce que j’aime bien mettre des petites choses que les gamins puissent apprendre. J’aime bien parler de génétique, je trouve que c’est important de savoir comment ça fonctionne. Après, le point commun entre tous les albums, c’est le côté humaniste, c’est ce que j’essaie de faire. Et la science sert à ça, à relativiser, à rabaisser un peu l’ego. Quand on sait ce qu’on est, qu’on est fait d’atomes, on est bien peu de choses… Et du coup je comprends pas cet ego humain qui conduit à foutre en l’air la planète. Y a tellement de cons irresponsables au pouvoir… Nous ne sommes qu’à l’adolescence de l’humanité et maintenant on a intérêt à changer, sinon on va droit dans le mur.

En même temps dans Jules, la science n’est pas toute puissante, quand on regarde le personnage de la mère de Janet par exemple…
Oui, elle est un peu tordue. Et oui, personne n’est parfait et même les sciences ne sont pas une solution absolue. La seule certitude qu’on a, c’est qu’il faut douter de tout et surtout de soi. Se remettre en question, c’est la seule clé pour s’en sortir.


Là c’est un travail d’illustration pure et dure mais seriez-vous tenté par l’inverse ? Vous contenter d’écrire un scénario, pour qu’un autre le mette en images ?
Mais moi, quand j’écris une histoire, je la dessine ! C’est ma méthode de travail, c’est ce que j’appelle l’écriture BD, l’écriture graphique. Au lieu d’écrire, je mets en scène des personnages et je les fais jouer. Et j’ai besoin dès le départ de voir les attitudes et les expressions de mes personnages. Parce que qu’est-ce que la BD ? Simplement du dialogue. Et le dialogue, il faut le jouer si on veut qu’il soit bien dessiné. Donc autant le jouer tout de suite, autant le dessiner tout de suite, dès la conception de l’histoire.
C’est pour ça que lorsque j’écris une histoire tout est déjà dessiné, très rapidement, de façon schématique . [Ndr : il existe une édition spéciale du Journal d'un ingénu réservée aux libraires qui présente l'histoire sous sa forme ébauchée].

Vous ne partez donc pas avec un script en main pour ensuite passer au découpage, etc… Comment vous organisez-vous du coup pour vous donner une échéance ? En se disant par exemple qu’il va falloir atteindre 48 pages.
Alors moi, je ne fonctionne pas du tout comme ça. Pour moi, c’est de l’écriture, donc à partir de là on ne demande pas à un écrivain combien de pages il va faire ! bon, je me suis formaté sur les Jules à 54 pages. Mais aujourd’hui j’en ai marre. Et quand je faisais Aleksis Strogonov, c’était libre, il n’y avait pas de pagination fixe. Ça me paraît évident, je ne peux pas fonctionner comme ça. Pour le prochain Jules, je dois encore remanier un peu la fin mais l’album fera environ 74 pages.

Parlons un peu de Jules justement. Je suis ravi d’apprendre qu’il y aura un sixième tome, j’avais l’impression que la série s’était arrêtée en 2006. Entre temps il y a eu votre Spirou, Journal d’un ingénu.
Oui mais j’ai fait ce Spirou pour attirer les gens vers Jules par la suite. C’est une série qui ne marche pas trop mal, elle est toujours en réassort mais je voulais lui donner un coup de pouce supplémentaire.

Je trouve qu’il y a une rupture entre le premier tome, qui est très science-fiction et les suivants, qui sont davantage ancrés dans le quotidien (même s’il y a toujours des éléments fantaisistes).
Il y a toujours un fond de science parce que j’aime bien mettre des petites choses que les gamins puissent apprendre. J’aime bien parler de génétique, je trouve que c’est important de savoir comment ça fonctionne. Après, le point commun entre tous les albums, c’est le côté humaniste, c’est ce que j’essaie de faire. Et la science sert à ça, à relativiser, à rabaisser un peu l’ego. Quand on sait ce qu’on est, qu’on est fait d’atomes, on est bien peu de choses… Et du coup je comprends pas cet ego humain qui conduit à foutre en l’air la planète. Y a tellement de cons irresponsables au pouvoir… Nous ne sommes qu’à l’adolescence de l’humanité et maintenant on a intérêt à changer, sinon on va droit dans le mur.

En même temps dans Jules, la science n’est pas toute puissante, quand on regarde le personnage de la mère de Janet par exemple…
Oui, elle est un peu tordue. Et oui, personne n’est parfait et même les sciences ne sont pas une solution absolue. La seule certitude qu’on a, c’est qu’il faut douter de tout et surtout de soi. Se remettre en question, c’est la seule clé pour s’en sortir.


Un petit mot sur Jean Regnaud. En général vous travaillez seul, notamment sur Jules. Mais dès que vous collaborez avec un scénariste, c’est avec lui.
C’est un vieux en copain d’adolescence en fait. Pour moi, ce n’est pas une relation entre professionnels, c’est deux copains qui plutôt que de travailler chacun dans leur coin, lui à l’écriture et moi au dessin, préfèrent bosser ensemble. C’est à celui qui sortirait la plus grosse connerie, à toujours surenchérir sur l’autre. On agit comme un miroir sur l’autre, on voit tout de suite si un gag fonctionne ou pas, si on ne s’égare pas, si on raconte quelque chose de réellement intéressant.

Ma Maman est en Amérique, c’est particulièrement fort, assez différent du reste, notamment d’Aleksis Strogonov.
Ça, c’est son histoire à lui, je ne suis pas du tout intervenu. Ce texte, il l’a écrit dans son coin, et comme il le dit, il a dû mettre 40 ans à l’écrire. Quand il me l’a présenté… Il voulait que je l’illustre, mais c’était une sacré responsabilité. Moi au départ, je ne voulais pas parce que je connais tous les gens qui sont là-dedans, même la nounou !
Je lui ai demandé de confier ça à des copains très talentueux, comme Marc Boutavan qui est très doué avec les histoires liées à l’enfance [Ndr : l'illustrateur d'Ariol, scénarisé par Emmanuel Guibert]. Mais Marc m’a dit que c’était vraiment à moi de le faire.

Et du coup travailler avec un autre scénariste qu’on vous accolerait, comme ça se fait dans les « mariages arrangés » par les éditeurs ?
C’est complètement absurde pour moi. Je n’écris pas pour dessiner, j’écris pour raconter des histoires, je m’en fous de dessiner pour dessiner. Il se trouve juste que je m’exprime avec le dessin. Après il y a le métier d’illustrateur, je peux tout à fait illustrer des bouquins. Mais il faut du temps pour le faire… Je ne suis pas d’accord avec la façon dont on présente la BD. Pour moi le dessin, C’EST de l’écriture, c’est juste un moyen.

Pour en revenir Jules, après un hiatus de 5 ans, la série reprend donc.
Oui, il y a encore plein de trucs à raconter aux enfants, il faut les préparer. J’essaie de retrouver l’usage du conte d’antan, qui était de préparer l’enfant à la vie dure qui l’attendait. Les contes étaient très durs à l’époque, les enfants finissaient parfois abandonnés par leurs parents ou carrément dévorés. Je trouve qu’aujourd’hui, il y a peu de gens qui font de la BD jeunesse. Ou alors pour faire des histoires qui préservent les enfants, des trucs en gag, de la gaudriole quoi. Moi, j’essaie de leur raconter une histoire pour qu’ils comprennent le monde dans lequel ils vont grandir, leur dire « ne croyez pas que c’est un monde inaccessible, lointain, un truc d’adultes car c’est votre monde à vous et vous avez intérêt à le prendre en main parce que là ça ne va pas du tout ! »



Et c’est ce qui est génial dans Journal d’un ingénu, on sent que c’est vraiment votre univers avec cette enfance qui côtoie une menace sourde. D’un côté Spirou joue au foot avec les gamins du quartier et de l’autre, il sent qu’il y a quelque chose qui est là, qu’il va devoir affronter à un moment donné.
C’est l’innocence, quand on est gamin, on voudrait que tout soit beau et on ne supporte pas l’injustice, la violence et la méchanceté. Il faut se préparer dès l’enfance à faire quelque chose, à être acteur. On a beau dire que nous ne sommes que des quidams noyés dans la masse, c’est pas vrai : c’est nous qui faisons l’histoire. Il faut que les enfants se prennent en charge, se responsabilisent et à ce moment-là, il se passera quelque chose.

Dans le Journal d’un ingénu, vous avez raconté les origines de Spirou. Vous allez réaliser un deuxième album de Spirou, mais qu’allez-vous raconter cette fois-ci ?
Le truc très important, c’est d’expliquer à un gamin que même « s’il n’est rien » et bien il existe tout de même et qu’il peut changer le monde. C’est déjà beaucoup mais après il faut agir. Pour devenir un héros, il faut agir. Spirou est un héros, donc il y a bien eu un moment où il s’est passé quelque chose pour qu’il puisse devenir ce héros qui agit réellement. Et pour cela, rien de tel que l’Occupation comme contexte. En gros, je veux expliquer aux gamins qu’on ne devient pas un héros parce qu’on le veut, ce sont simplement les circonstances qui font qu’on le devient. Et souvent, c’est malgré nous. Les vrais héros ils sont souvent morts, et ceux qui s’en sont sortis ont juste eu de la chance. Les autres vont voir ces gens comme des héros, mais eux ne se verront jamais comme ça. Ils diront simplement qu’ils ont eu de la chance de s’en sortir et qu’ils ont fait ce qui leur paraissait être bien à l’époque. Et ça c’est très important pour moi. Je ne veux pas mythifier le héros pour le gamin qui lit l’histoire. Car il doit comprendre que le héros, c’est aussi lui. On est tous notre propre héros.

Le prochain Jules, en deux trois mots ?
Le prochain Jules se passe sur Terre, il est parfaitement d’actualité parce que c’est sur la fin du monde et le fait qu’il faut agir dès maintenant.

Entretien réalisé à St Ouen le 11 mai 2011 dans le cadre du festival Formula Bula.
 

jeudi 5 mai 2011

Émile Bravo sera présent le 19 et 20 mai 2011 à Valence en Espagne.

Émile Bravo sera présent le 19 et 20 mai 2011 au lycée Français de Valence en Espagne.
Il y donnera une conférence... Où il sera question de Spirou, de Jules et des ours nains...
Merci à Felix pour cette information