En reprenant Spirou, le temps d’un volume, dans Le Journal d’un ingénu (Dupuis), Émile Bravo revient sur un débat qui a eu lieu dans les années 80 et dont Chaland était l’initiateur : doit-on conserver une empreinte nostalgique au personnage ? À l’époque, la direction de Dupuis avait tranché en arrêtant brutalement la publication de son histoire. Bravo y revient aujourd’hui et démontre que ce discours est non seulement possible, mais nécessaire.
L’étymologie
du mot nostalgie évoque la notion de retour, mais aussi de douleur. La
nostalgie est une « Recherche du temps
perdu » qui a souvent les accents de la complainte. La notion
d’ « Âge d’or » est même d’une ancienneté manifestement biblique puisque
c’est l’idée même du « Paradis
perdu » qui donne de la consistance au « péché originel ». D’une
manière générale, toute création obéit à la nécessité de s’inscrire dans
une histoire commune.
L’imitation
des modèles antiques est la démarche classique par excellence. Elle
permet de perpétuer les techniques et de se régénérer
au savoir accumulé par les Anciens. Sans les Grecs et les Romains,
point de Renaissance. Les Préraphaélites ont trouvé chez les peintres du
passé des significations inédites d’ordre spirituel,
tandis que les Cubistes s’étonnaient de découvrir dans les Arts
premiers des formes éminemment modernes, proches de leurs
préoccupations. Les Surréalistes se réclamèrent de Rimbaud, de
Lautréamont, voire de William Bouguereau.
Vers la Ligne Claire
Quand
Swarte inventa le terme de « Ligne Claire » en 1977, rendant hommage à
Hergé, il remixa son trait avec les
apports de Theo Van Doesburg et De Stijl, ou encore avec ceux du
Bauhaus, déjà présents chez le Maître de Bruxelles. Derrière lui, une
multitude d’artistes construisirent un mouvement autour de
ce concept vague, étendu à Jacobs, Jacques Martin, voire Bob De
Moor… Le mouvement eut son instant théorique (De Klare Lijn de Joost Swarte (1977), Les héritiers d’Hergé de
Bruno Lecigne, Magic Strip, 1983) et de brillants développements, comme Le Rendez-vous de Sevenoaks (1976) et surtout le Blitz
(1982) de Rivière et Floc’h. Dans le même temps,
Hergé et Jacobs étaient érigés en canons esthétiques de référence
(« Hérigé » remarquerait un disciple de Lacan), déclenchant le
remplissage absurde, mais parfois jouissif, de
kilomètres d’étagères de glose...
Pour lire la suite de cet entretien, venez visiter le site Mundo BD
Par Didier Pasamonik
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