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lundi 14 avril 2014

Emile Bravo à Radio Grandpapier

Émission du 26 mars2014 à Radio Grandpapier.
Interview en deuxième partie d'émission.
Pour l'écouter, vous pouvez la podcaster ici

lundi 19 août 2013

Comiscope de David Rault

Superbe ouvrage de portraits "Comicscope" de David Rault.
Sorti en février 2013 aux éditions "l'Apocalypse".
Le lien pour le livre : Ici

Le principe: L'installation itinérante est constituée d'une boîte à lumière (un cadre de bois pliable et quatre néons solidaires), d'un Leica 3 DL, d'un pan de velours noir, de deux trépieds, de quelques pinces et de rallonges électriques.
Aussitôt après la prise de vue et avant qu'ils n'aient vu le résultat, les auteurs ont été invités à faire leur autoportrait sur un carnet Moleskine de 9 x 14cm.



vendredi 9 décembre 2011

Ralf Pascual Izarra, rencontre à Madrid

Photos réalisées par Ralf Pascual Izarra, photographe professionnel à Madrid, à l'occasion de la 14ème édition d’Expocomic à Madrid, qui a eu lieu du 01 au 04 décembre 2011.
Quelques sites de ce photographe:  ici, ici, ici et ici






 
 
 
 
 
 

jeudi 8 décembre 2011

Témoignage de Mélaka sur Melakarnets.

Petite présentation de Mélaka : Elle est la fille de l'écrivain Anne Duguël (Gudule) et du dessinateur et éditeur de bandes dessinées Paul Karali (Carali) ainsi que la nièce du dessinateur de bandes dessinées Edouard Karali (Édika).
Après avoir été parisienne pendant quelques années, elle vit depuis 2008 à Puycelsi avec Reno, son compagnon (lui-même dessinateur de bandes dessinées).
Son frère Olivier Karali est également auteur de bandes dessinées, sous le nom d'Olivier Ka (série des Amédée Bill dans la revue Psikopat).
Depuis 1998 elle travaille à la revue Psikopat en tant que maquettiste et secrétaire de rédaction, et entre 2004 et 2005 elle a régulièrement participé au magazine Spirou en compagnie des dessinatrices Cha et Laurel, avec leur rubrique 33 rue Carambole.
Melaka fut également une des premières (avec Boulet, Penelope Bagieu, Maliki, Kek...) à avoir créé un blog BD, en France.
Elle fut aussi la marraine du 1er festival des blogs BD à Paris en 2005, en compagnie de Boulet.
Sa biblio : C'est ici
Ses sites:  ici et ici et celui de son ami Reno ici
 
Article publié le 7 mars 2006 sur son blog, oui je sais ce n’est pas très ressent…
 
"Connaissez-vous Émile Bravo?
Si non, précipitez-vous chez votre libraire !! Émile a publié trop peu de bd, il est très apprécié dans le milieu mais malheureusement pas assez connu du grand public.. C'est bien simple, moi, je le mets sur un piédestal en compagnie des Grands comme Franquin et consorts !
Sa série-phare, celle qui me fait ronronner de bonheur, donc, à chaque fois que je la relis, c'est "Jules", 4 tomes parus chez Dargaud.
Ces bd sont exceptionnelles de qualité, d'intelligence, de finesse et d'humour. C'est paru dans Okapi à la base, pour un public plutôt jeune donc, mais c'est loin d'être réservé aux enfants : rares sont les bd qui me font prendre autant mon pied à la lecture... La psychologie des persos est excellente, les dialogues délectables, et c'est vachement drôle en plus !
En gros, ce sont des aventures fantastico-scientifiques mâtinées d'adolescence et d'un zeste de philosophie. Et on est faaaaaans !
J'espère vous avoir donné envie d'acheter ses albums ! Apparemment il y a un cinquième tome de prévu pour bientôt, j'exulte d'impatience ! Sinon il a publié quelques albums chez Bréal et au Seuil jeunesse, pour info... Et voilà, une note en forme de chronique, une !"

 

mardi 27 septembre 2011

François Noseda, photographe professionnel à Nancy

Photos réalisées par François Noseda, photographe professionnel, à l'occasion d'une séance de dédicace à la librairie "La parenthèse" à Nancy le 24 septembre 2011







Crédit Photo: François Noseda
Son site:
françoisnoseda
 

mercredi 13 janvier 2010

Le blog de Chicou-Chicou...

Les Chicou Chicou tentent l'exploration en miniature du corps humain, luttent contre des zombies mangeurs de cerveaux, s'organisent une virée dans la peau de super-héros...
Les Chicou Chicou voient la vie en rose et offrent la vision d'un autre monde, un monde où règnent l'imaginaire, l'évasion, les expérimentations et les délires en tous genres !
Intervention d’Émile Bravo à la page 68 de ce blog...
Pour lire l'ensemble des pages allez visiter 
Le blog de Chicou-Chicou
.








samedi 2 janvier 2010

Témoignage de Joann Sfar dans Ukulélé.

Ukulélé de Joann Sfar aux éditions L'association.
Collection Côtelette - DL: 1er trimestre 2003
Format 14 x 19cm - 438 pages.
Merci à Alan pour l'information

Page 18:
Le cas Émile BRAVO (Rubrique des scandales)
une de mes bandes dessinées favorites, c'est ''Jules'' d'Emile Bravo.
C'est tout ce que j'aime: les personnages sont tous réellement présents, même les plus insignifiants, c'est drôle, intelligent, c'est à la fois pour les adultes et pour les gosses. C'est une leçon de dessin, une leçon de dialogue, une leçon de scénario.
Emile Bravo fait partie de notre bande de copains depuis 1993. Entre 1994 et 1999, à chaque fois que Christophe Blain ou moi avions un problème de dessin, c'est Emile bravo qui le résolvait.
L'honnêteté m'oblige à avouer que les meilleures bagarres de Petrus Barbygère ont été crayonnées par lui!
C'est pas seulement un auteur incroyable, c'est aussi un inspirateur, un moteur pour ses copains.
Tout est innovant dans ses histoires ET dans ses dessins, ça n'a rien à voir avec Serge Clerc où je ne sais quel machin esthétisant.
Bon. Alors pourquoi est-ce que les cornichons qui tartinent des pages et des pages de journaux avec notre bande de copains oublient systématiquement de parler d'Emile Bravo?

1 - Parce que les gens le classent ''auteur pour gosses''.
2 - Parce qu'ils s'imaginent que c'est ''classique''.
3 - Parce qu'ils le rangent dans ''album populaire imprimé en offset''.
... Hébin c'est des couillons...
La prochaine fois nous traiterons du cas Frédéric Boilet.


vendredi 1 janvier 2010

Témoignage de Jimmy Beaulieu sur son site "tous foutus"

Le 03 Janvier 2008
Source:
Jimmy Beaulieu

Les grands sapins verts

Journée SU-PER productive, aujourd’hui : je me suis levé passé 15h ! faut dire que j’ai travaillé comme un ostie de cinglé pendant les fêtes sur un projet en collaboration avec Émile Bravo. J’vous montre pas de pages, mais voici le travail de préparation :
C’était vraiment étrange d’oeuvrer dans un univers aussi éloigné du mien, dans le sujet comme le traitement. Un exercice déstabilisant et enrichissant. Émile est un sacré scénariste, en tout cas. Bon il faut encore que je fasse les couleurs. Et vite !
À propos d’Émile, je trépigne d’impatience pour son Spirou (quel titre et quelle couve !). Ça promet d’être pas mal meilleur que le Yann-Tarrin que j’ai lu à l’aéroport, en revenant de la Réunion. En se frottant de trop près à Franquin, Tarrin joue avec le feu. Il essaie, au prix d’efforts louables, mais laborieux à en être indigestes, d’accotter le dynamisme franquinien, mais ce faisant, il nous démontre surtout à quel point la magie de Franquin, c’est aussi le sens du mystère d’Herriman, la mélancolie ténébreuse d’Edward Gorey, l’élégance de Sempé, la profondeur de Gustave Doré, la tendresse de Schulz, l’intelligence de Feiffer, l’humanité de Jaime Hernandez, la sensualité de Forest et la précision maniaque de Chris Ware. Je parle rarement de ce que je n’aime pas, je trouve ça facile et très con de faire le beau en critiquant le travail des autres, mais en me gavant de fougue et de pas grand’chose d’autre, ce livre n’est arrivé qu’à me faire réaliser à quel point j’aime Franquin (c’était peut-être le but).

samedi 5 décembre 2009

Jean-Christophe Caurette, photographe pour Strasbulles.

Photos réalisées par Jean Christophe Caurette, photographe professionnel, mais aussi photographe officiel du festival de BD "Strasbulles" à Strasbourg, lors d'une visite de l'atelier d'Emile bravo à Paris. 



Crédit Photo: Jean-Christophe Caurette - Strasbulles
Son site:
Optima Photos

vendredi 27 novembre 2009

Témoignage de Joann Sfar sur "le petit monde de Joann Sfar''

Nouvelles du 11 mai 2009
Source: Le petit monde de Joann Sfar


Cher site internet, les nazis c'est sympa?

Oui, il faut se demander ça. Quel usage fait-on de l'uniforme nazi, de la croix gammée, de cette réalité qui tend à devenir folklore, imagerie, où va-t-on avec ça?

Bien entendu, ça a commencé dans les récits populaires américains de l'après guerre. On a compris qu'on tenait là un symbole de détestation assez fort. Bien vite remplacé par les communistes.

Quand j'étais enfant, ce plaisir de casser du nazi est revenu, au second degré, dans les films d' Indiana Jones. On sentait déjà là-dedans une certaine nostalgie. On voit bien cette madeleine de Proust que constituait l'uniforme SS. Ca rappelait une époque prétenduement simple où il était facile de différencier le gentil du méchant. Après les westerns type Little Big Man dans lesquels on n'avait plus le droit de cogner sur les indiens, ouf, on retrouvait de vrais méchants caricaturaux. Et à force d'Indiana Jones, on voit bien comment la réalité nazie existe moins. On voit bien comment tout ça devient du rocky horror picture show.

Plus récemment, c'est mon copain Mignola qui remet le couvert. Et pour finir OSS 117. Ca me va. ca ne me dérange pas. On apprendra donc à faire la différence entre le vrai nazi qui fait peur et le nazi de fiction qui permet de revenir à un monde simple où l'on peut se dire qu'on est dans le camp des gentils. on remarquera que le nazi exhutoire, celui d'Indiana Jones ou de Hellboy ou de OSS 117 n'est jamais impliqué dans des atrocités. Quand les nazis de OSS117 numéro 2 attrapent un agent du Mossad en mini jupe, ils n'en font aucun cas. Ce sont des nazis pour rire. J'imagine qu'il en ira de même des nazis d'Inglorious Bastards de Tarantino qui sortira dans quelques mois. Qu'ils soient écrits au second, au troisième ou au huitième degré, ces récits ont un point commun: ils ne parlent jamais du nazisme. Du coup ils me font rire. Et je vais volontiers casser du nazi bras dessus bras dessous avec Cap'tain America, Indiana Jones, Hellboy ou OSS 117.

Parfois, c'est différent. Quand Kirby dessine Cap'tain America, il fait état de sa frustration, de ses larmes. Il est aux USA, il est juif et il sait que ses correligionnaires se font massacrer en Europe. Il ne peut rien faire alors il invente des surhommes. Michael Chabon et d'autres ont raconté cette tragédie. On voit de quoi il est question. Mais les nazis de Kirby ne sont pas de vrais nazis. C'est le fantasme d'un enfant du Bronx, comme dans Radio Days de Woody Allen, comme dans les souvenirs de Will Eisner. Bizarrement, même dans Maus de Spiegelman, les nazis sont loin. Parce qu'ils viennent à travers le témoignage d'un père, âgé, parce qu'ils appartiennent déjà à un monde mort, parce qu'un océan et cinquante ans nous séparent d'eux.

Est-ce que j'ai déjà lu des bandes dessinées qui parlent de vrais nazis? Oui. La Bête est morte de Calvo. Les pionniers de l'Espérance par Poïvet. Et surtout les trois mousquetaires du maquis par Marijac. Pourquoi je vais déterrer Marijac ? Parce que voilà une vraie bande dessinée de résistant. Ce que rêvaient de faire Kirby ou Kavalier and Klay, c'était le quotidien de Marijac: faire le coup de poing. Croiser des patrouilles et les éviter, se colleter la réalité d'un monde absurde où le pays natal est devenu la négation de lui-même. Puis pratiquer la bande dessinée à la fois pour dire sa haîne de l'envahisseur et pour faire oeuvre de propagande. ce qui m'intéresse dans ces bandes dessinées faites par des résistants, celles qu'on a pu trouver à la libération dans Coq Hardi, c'est qu'on y trouve à la fois le fantasme, l'exhutoire, mais aussi des bouts de réel. On voit bien que la grossièreté, la violence et l'outrance avec laquelle Calvo ou Marijac s'en prennent aux nazis, ça vient directement des maquis, du réel, on voit bien qu'ils en ont bavé et qu'ils n'ont pas le temps d'être subtils. ils n'ont pas non plus le temps d'être intelligents ou de se montrer mesurés. les mousquetaires de Calvo sont des frères jumeaux des pieds nickelés, de Dartagnan et de Popeye. Ils arpentent le métro parisien et filent des coups de poings à tout ce qui porte un uniforme vert de gris. Ils sont de la famille d'Asterix. C'est là que je voulais en venir depuis le début. Asterix me semble être l'enfant légitime de Calvo et de Marijac. A force de répéter que toute la bande dessinée américaine de super héros est née en réaction au nazisme, on oublie de mettre en avant cette tradition très française: la bd de résistants. Peut-être que Rahan relève aussi de ça.

Je crois que le PIF de mon enfance était encore imprégné de ça. Je ne sais pas qui m'avait offert les albums de Marijac. mais quand j'étais petit on trouvait encore les Trois Mousquetaires du Maquis. J'adorais ça. J'ai relu. je les aime autant que quand j'étais petit.

Pourquoi je parle de ça? Parce qu'en moins d'un an j'ai vu paraître deux bandes dessinées de résistants. Spirou et Spirou. Celui d'Emile Bravo et celui de Yann et Olivier Schwartz.

Deux livres jumeaux, passionnants et complexes. pour une fois que deux albums récents sont assez bien écrits pour qu'on les décortique, pour qu'on essaie de voir ce qu'ils veulent nous dire. pour une fois que des livres offrent un dialogue aussi limpide avec le passé, jetez-vous dessus. ces deux livres se répondent. Tout d'abord parce qu'au début il y a eu Yann et Chaland. parce que tout le monde a rêvé du Spirou qu'ils auraient dû faire. Parce que cette frustration n'est sans doute pas étrangère au projet d'Emile. Parce que l'album d'Emile a sans doute aidé Yann à aboutir son vieux rêve. Oui c'est assez complexe et pervers pour qu'on fouille là-dedans.
Qui est Emile Bravo?

Qui est Yann?

Tout ça m'amuse assez pour que j'oublie qu'Emile est un proche et pour que je prenne au sérieux son travail. Tout ça m'amuse assez pour que je lise sérieusement le livre de Yann. Qu'est-ce qu'ils veulent nous dire?
Emile est un auteur profondément moderne. il utilise la grammaire des bandes dessinées classiques pour être entendu. Il reprend des personnages simplistes et leur colle de vrais sentiments, les met dans une situation insupportable, il nous prend aux tripes l'air de dire: qu'est ce qu'il va lui arriver à ton prince de Lu si je le mets dans le vrai monde. Il a beau s'en défendre et jouer les punks, l'humanisme transpire à chaque case. Chez Bravo il n'y a pas de méchants et de gentils mais juste un ramassis de pauvres types, des cons comme dans To Be or Not To Be de Lubitsch. Il n'y a rien de moche dans le crâne d'Emile Bravo. Il part du principe que tous les êtres humains sont dans la merde. il regarde avec ironie des mécanismes. Il laisse faire ses personnages. Est-ce qu'il fait la morale? Oui, bien entendu. Pourquoi pas? Il ne dit pas "oh, c'est pas bien", il montre la bêtise à l'oeuvre. Manifestement, pour Emile, la Belgique est un concentré d'Europe. Manifestement pour lui c'est un beau symbole, coincée entre beaucoup de forces antagonistes, livrée à elle-même, sans importance peut-être. Il y a du Diderot chez Emile Bravo. Mais tout ça est d'une telle limpidité que je n'aurais jamais écrit sur ce sujet s'il n'y avait eu "le groom vert de gris".
Yann c'est très différent. Depuis vingt ans Yann essaie de faire croire qu'il est cynique, qu'il est potache, qu'il est un vilain garçon. Et voilà qu'il nous sort un album de Marijac! Oubliez Spirou, il n'a rien à faire là-dedans. oubliez les références constantes à l'univers de Tintin, ça n'est pas le sujet. Le sujet, mais je ne sais pas si c'est conscient, c'est un retour, presque une décalque, un regard, disons, vers la bande dessinée de résistance. Les rencontres entre Spirou, Fantasio et les patrouilles SS. La façon désinvolte et vacharde avec laquelle ils brûlent ou aspergent de peinture des nazis, c'est Marijac. Yann s'est tellement documenté, il a tellement baigné là-dedans, qu'il arrive à reproduire à l'identique l'esprit vachard (et bête, mais que j'adore ça) de Marijac. J'ai eu la chance de passer une journée avec Marijac, il y a très longtemps, il était extrèmement vieux et il m'a beaucoup postillonné des morceaux de sandwich sur les chaussures, mais je suis certain qu'il aurait adoré l'album de Yann et Schwartz. Pourquoi j'aime tant Yann et Bravo? Parce que chacun d'eux est au sommet de la maîtrise de son langage. Chacun d'eux réussit ce prodige: s'adresser à tous, mais permettre un désossage, une lecture complexe, une vraie analyse sur son travail. Il me semble que la bande dessinée soi-disant avant-gardiste n'a rien produit qui donne autant matière à réflexion depuis quelques années. mettre en perspective le Spirou de Bravo et le Spirou de Yann, c'est l'occasion de se déterminer face à deux types de modernité, deux relations, très différentes, à la provo punk, deux façons post-modernes de jouer avec les souvenirs d'enfance.

Emile prend une grammaire ancienne et la met à l'épreuve de sentiments et d'intrigues complexes et actuelles.

Yann choisit avec un respect glaçant de faire revivre le squelette narratif d'albums ultra-classiques. Mais c'est un bombardement en règle car tout y devient grinçant, compris de l'intérieur, perverti et complexifié. J'aime ça. ce que j'aime chez Yann, contrairement à Bravo, c'est que Yann ne sait pas ce qu'il pense. Il ne sait pas où il veut nous entraîner. Emile veut nous expliquer des choses sur l'être humain et je suis content parce que je suis d'accord avec ce qu'il raconte. Yann c'est encore plus amusant, il va fouiller dans les parties les plus dégueulasses de sa mémoire et il met tout sur le papier et il a beau cacher ça sous une forme ancienne il faut être aveugle pour ne pas s'apercevoir qu'il nous laisse nous démerder avec des choses vraiment sales. J'adore ça. Depuis toujours, Yann, quoi qu'il en dise, ne sait pas ce qu'il pense du racisme. il ne sait pas ce qu'il pense des juifs et je crois qu'il se pose aussi beaucoup de questions sur la sexualité. Yann n'est pas du tout là pour nous faire la morale, il fait comme Hergé, comme Franquin, comme Jacobs, il prend toutes ses névroses les plus crades, il les cache sous une ligne claire, et il nous laisse nous débrouiller avec. J'adore ça. Bravo.

Paut-être que parfois Yann désespère. Il s'imagine peut-être que personne ne veut fouiller là-dedans et qu'il aura simplement affaire à la lecture superficielle d'amateurs de graphisme. J'aimerais qu'on le lise avec plus de sérieux, avec plus de perspicacité et de perversion. Parce que Yann est un auteur important. Bien avant Michel Houellebecq, bien avant OSS117, il nous a mis le nez dans des choses pourries et délicieuses. J'aime Yann. J'aime ses choix, ses ambiguïtés et le jeu dangereux auquel il joue depuis vingt ans.

Bravo choisit de nous expliquer les choses. Il met en scène des personnages, les met en difficulté, il nous laisse déméler l'intrigue mais on termine son livre plein d'amour pour son héros, pour le monde, on se dit qu'on voit bien la bêtise du monde et qu'heureusement nous sommes plus intelligents grâce à son livre.
Yann préfère nous laisser entrevoir ses propres fêlures, ses fascinations moches, et nous laisser faire le tri. On ferme son livre avec un drôle de goût en bouche. C'est vraiment subversif mais Yann sait qu'il ne fait pas tout exprès, que beaucoup de choses sortent malgré lui. Parfois il est infect et ne s'en rend pas compte. Quand un personnage des Innommables dézinguait un bonhomme à gros nez et disait "l'ignoble petit juif" on était dans du drôle, du conscient, et dans une préfiguration d'OSS117. C'était formidable. Mais quand Spirou entre par hasard dans une mansarde, qu'il y croise une Anne Franck qui même recluse arbore son étoile jaune, sous une poitrine naissante, et quand elle supplie Spirou de lui donner un baiser où sommes nous? Nous sommes dans un moment qui combine de façon abominable une vision caricaturale de la femme, de l'amour, des juifs, de la déportation et de l'éveil des sens. C'est dans un moment comme celui-là qu'on a le sentiment de toucher du doigt un vrai antisémitisme.Dans cette scène nous ne sommes plus dans le huitième degré. Nous sommes face à un grand auteur qui n'a jamais su quoi faire ni des juifs ni des femmes et qui nous l'avoue sans même se rendre compte de l'énormité de ce qu'il met en page. Comment le pinceau de Schwartz ne lui tombe-t-il pas des mains quand il dessine ça c'est une autre question, mais voilà, il reste ça sur une page: Spirou qui donne un baiser à Anne Frank et s'en va en courant. J'adore que Yann laisse échapper ce genre de moment vulgaire et bête et mal maîtrisé. Il passe dans cette page du statut d'auteur au rôle de cas clinique. Il faut être très fort, très courageux et très maître de son écriture pour laisser entrevoir ça. Il nous montre ça. Et on se débrouille avec.

J'aime le livre de Yann parce que sous la ligne claire il contient une autocritique sanguinaire, puisque c'est l'autocritique de Yann.

Je ne sais pas si Emile Bravo s'en prend à lui-même dans son livre. Oui sans doute puisqu'il se voit en ingénu.
Dans les deux cas, j'ai eu le sentiment d'avoir en mains des albums importants. je crois qu'on relira ces deux albums encore longtemps, en se disant qu'ils étaient symptomatiques du regard que la bande dessinées des années 2000 portait sur l'histoire, sur l'humanisme et sur l'histoire des bandes dessinées.

Dans les deux cas il s'agit d'albums complexes. Je crois que ces deux livres méritent une lecture sérieuse, une analyse, un regard ouvert.


A titre personnel, j'aimerais dire à Yann, à Schwartz et à Emile Bravo que leurs albums me donnent envie d'écrire, me donnent envie de dessiner. Il faut se méfier des livres qu'on dépeint comme avant gardistes ou intelligents uniquement parce qu'ils parlent d'aujourd'hui, ou parce qu'ils sont en noir et blanc, ou parce qu'ils sont publiés dans un label qui a les faveurs des prescripteurs. Je crois que le Spirou de Yann et Schwartz, et le Spirou d'Emile Bravo, méritent d'être lus avec attention.
Sans ça je redessine beaucoup. Vous verrez bien.

Joann

vendredi 30 octobre 2009

Jonas 01 de Louise Lizano... Interview...

Comix de Louise Lizano.
12 pages quadri. Sortie octobre 2008. Format 14x19.

Jonas 01 • Jonas est le premier Comix de Louise Lizano.
Après quelques participations dans Louise, un album écrit et dessiné par ses parents, une illustration publiée dans la petite famille et un lapin offert à James et Boris Mirroir pour Zzzwük, Louise Lizano signe à 9 ans sa première publication, avec son lion Jonas en personnage principal et de multiples formes de narration au sommaire.
Elle prépare par ailleurs une petite série de carte animalière qui sortira aussi à la Fédération Française de Comix.
Au sommaire de ce numéro un,
•Une présentation de Marzi de Marzena Sowa et Sylvain Savoïa.
•Jonas #1
•Printemps, été, automne, hivers et printemps. Écrit par Marzena Sowa et dessiné par Louise Lizano. 
•Des chroniques de Lou! de Julien neel, de Jules d'Émile Bravo et de Raghnarok de Boulet.


Une petite interview de l’auteur de ce fanzine :
 
Jean Marc : Présentes toi un peu, pour les lecteurs qui ne te connaisse pas? Âge, passion, etc. 
Louise Lizano : Je m'appelle Louise, j'ai 10 ans, j'ai fait un (petit) fanzine, Jonas. Mon animal préféré est le panda-roux et j'ai un oiseau et un chien.
JM :
D'où t'es venu l'idée de ce Fanzine?

LL : Ma maman aime beaucoup les lions et j'aime bien faire des histoires avec les animaux, alors j'ai pensé qu'un lion, c'était une bonne idée. La coloration de la crinière c'était pour faire plus amusant.
JM :
Pourquoi une intervention d'Emile Bravo, le connais tu? L'as tu déjà rencontré et où?

LL : J'aime beaucoup les histoires qu'il fait. C'est pour ça que je l'ai mis dans mon fanzine.
Par contre, je ne l'ai jamais rencontré.
JM :
Quels sont ses ouvrages que tu apprécies le plus?

LL : "Ma maman est partie en Amérique elle a rencontré Buffalo Bill". 
JM :
Quels sont tes projets, présents et futurs?

LL : Plus tard je veux (peut-être) faire écrivain et illustratrice. Comme livre, j'ai (peut-être aussi) une toute petite idée. 
JM :
Carte blanche, si tu as des choses qui te tiennent à cœur à faire passer, tu peux les exprimer ici.

LL : réflexion(s) : Ma toute petite idée c'est de faire une histoire avec une mort-vivante.
Petits détails : mon oiseau s'appelle Blue et mon chien Mikado.
Petite information : pour ceux qui aime "Mamette" il y a un livre sur son enfance qui est sorti.
JM 
: Merci Louise est bonne chance pour la réalisation de tes projets futures.

Pour visualiser ce fanzine : Le site de la Fédération Française de Comix
ICI

mardi 13 octobre 2009

Le chat du Rabbin.... par Emile bravo!!

Lettre de Joann Sfar, du 30 Janvier 2007 trouvé sur les nouvelles de Joann. (Merci Marcel )

Cher site internet,

Je voulais faire un compte rendu rigolo du festival d’Angoulème.
C’était une édition réjouissante et le président Lewis avait bien fait les choses.
Mes copains avaient beaucoup insisté pour que j’assiste à la remise des prix, en me disant qu’il y aurait une surprise.
Et avant de remettre les trophées officiels, Lewis a expliqué dans son micro que comme le dernier chat était sorti trop tard pour être dans la sélection il avait souhaité décerner un prix au meilleur dessinateur du chat du rabbin de l’année.
On a alors vu défiler sur l’écran, aux côtés de mon vrai album, des fausses couvertures dessinées par Émile Bravo, David B, Christophe Blain, Emmanuel Guibert, Mathieu Sapin et Riad Sattouf, je vous laisse les découvrir.
C’est le genre de couillonnades que j’aurais attendu pour un cadeau d’anniversaire. J’aime bien l’idée que Lewis mobilise toute une salle de conférences pour faire des blagues à ses copains.
Aussi j’étais ravi que Shigeru Mizuki soit distingué, car son livre est une merveille.
Surtout, comme toute la salle, j’ai été ému de voir Didier Lefevre venir chercher le prix attribué au PHOTOGRAPHE, d’Emmanuel Guibert et Frederic Lemercier.
Didier Lefevre était plus du genre à applaudir les autres qu’à se donner en spectacle. Son métier c’était de photographier les gens, de les faire connaître.
Il regardait ses semblables avec tendresse et intelligence, en Afghanistan, au Rwanda ou à une table avec nous, parfois il sortait son appareil et il gardait trace de moments éclairants. Il était intimidé d’aller chercher son prix mais comme Emmanuel n’était pas là, Didier a fait un discours impeccable, parce qu’il parlait au nom de ses amis.
Parce qu’il savait que son album faisait rayonner le travail de ces Médecins Sans Frontières dont il était si fier.
Il savait qu’Emmanuel n’était pas à Angoulème mais il lui parlait pourtant, à travers le micro. Il lui disait merci pour les trois albums ensemble. Je crois qu’il était comblé. Parmi des jeunes gens à qui le président Lewis a dû dire « essayez de sourire » quand ils ont eu leur prix, la joie de Didier faisait plaisir à voir. Il a eu un geste de sportif, avant de quitter l’estrade : il a tenu son trophée à bout de bras, sans arrogance ni triomphalisme, c’était juste un mouvement de joie. Je crois qu’à l’image d’Emile, Christophe, Mathieu, Riad et moi, toute la salle était émue de voir récompensé ce Tintin contemporain, cet aventurier courageux qu’on admirait tous pour avoir consacré sa vie à aller au bout du monde chercher des regards fraternels. Oui comme émotion ça nous aurait suffi.

Ensuite Émile a fait la fête avec Didier.
Et trois jours après nous apprenons que Didier n’est plus là.
La première fois que j’ai été confronté à la mort et que j’ai été en état de questionner, je suis allé voir mon rabbin. Je m’attendais à ce qu’il me dise des mots rassurants et au petit garçon que j’étais le rabbin en colère a dit « que veux-tu, la mort est un scandale, tous les jours je m’en plains à l’Eternel, je ne peux rien faire de plus ». je crois que je lui ai été reconnaissant de cet aveu d’impuissance. Je voulais raconter cette soirée parce que je crois que Didier était vraiment heureux d’être là. Je crois que nous sommes nombreux à penser à lui. Nous sommes nombreux qui aurions aimé fêter avec lui cette distinction méritée. Ca n’est pas à moi de parler de Didier car je ne le connaissais pas autant qu’Emmanuel, je voudrais juste qu’en lisant les albums du PHOTOGRAPHE les gens se rappellent que le personnage de ce livre était de chair et de sang. C’était l’ami de mon ami et il méritait tout l’amour qu’on peut éprouver pour le héros d’une grande aventure. Je crois que dans certaines vignes on lèvera un verre à la mémoire du PHOTOGRAPHE. Salut fraternel à sa famille, à ses amis, à ses anciens compagnons de MSF. Merci à Emmanuel Guibert de nous avoir fait partager un des voyages de Didier Lefevre.
Joann