lundi 13 décembre 2021

Sortie de la version Flamande de Spirou l'espoir malgré tout (Partie 3)

 Sortie de l'édition flamande de "Spirou : L'Espoir malgré tout" Partie 3 (Robbedoes Hoop in bange dagen) 








 

Quelques extraits de chroniques sur le tome 3

BD pour enfants : l’humanisme salutaire du “Spirou” d’Émile Bravo 
Publié le 13 décembre 2021 sur Télérama.fr
Le grand talent d’Émile Bravo dans cette saga colossale – le quatrième et dernier volume paraîtra au printemps prochain – consiste à rester au plus près de la vie de tous les jours et de son personnage-titre. Afin de le voir évoluer, poser les questions que personne n’ose verbaliser à cette époque, et ainsi provoquer des dialogues d’une rare intelligence (mais très accessibles) en bande dessinée. L’auteur montre ainsi avec subtilité que la plupart des populations de l’Europe occupée n’étaient ni collaborationnistes ni résistantes, mais simplement passives, et n’avaient d’autre objectif que de survivre à court terme. Dès lors, les élans simplement humanistes de Spirou finiront par en faire un héros, du moins aux yeux de ses proches compagnons.
Moins portée sur l’action que l’épatante saga Les Enfants de la Résistance, la série L’Espoir malgré tout partage néanmoins avec elle sa documentation rigoureuse et un sens du rythme impeccable. Souvent drôle et mordante, et parfois très émouvante, elle relève le défi de s’adresser à tous les publics, à partir de 9 ans, malgré la dureté des sujets abordés et la multiplicité de personnages adultes. Car au-delà du passionnant aspect historique, elle parle de la vie, et de l’envie de vivre ensemble, entre humains. À l’heure de la résurgence de discours extrêmes, en France et en Europe, et de la tentation du révisionnisme de certains, cette œuvre intergénérationnelle au discours clair et profond se révèle particulièrement salutaire. 
 
Didier Pasamonik
C’est sans doute l’une des œuvres les plus importantes de la décennie qui fait la preuve que l’on peut parler de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah en renouvelant le thème. Elle est riche de ses sous-textes, par son universalité, sa réflexion sur l’engagement, sur l’absurdité de la condition humaine et de la création quand elle est confrontée aux totalitarismes. Le regard -éminemment documenté- de L’Espoir malgré tout, en fait en quelque sorte un Maus de la BD belge.
 
Émile Bravo, Le Spirou d’Émile Bravo : L’Espoir malgré tout - Troisième partie : “Un départ vers la fin”
Il a fait le choix de don­ner une dif­fé­rence d’âge aux deux héros. Spi­rou n’a pas l’âge requis pour être sou­mis au STO, ce Ser­vice du Tra­vail Obli­ga­toire qui envoie les adultes tra­vailler en Alle­magne. Fan­ta­sio a pu faire réa­li­ser des papiers le pré­sen­tant comme un ouvrier indis­pen­sable sur place. On croise un cer­tain M. René, un peintre de renom. Les dia­logues sont construits et donnent une vision des situa­tions, offrant des plages d’humour bien­ve­nues dans cette ter­rible ambiance.
La concep­tion gra­phique rete­nue par Émile Bravo prend en compte la période où se déroulent l’histoire et le style alors employé dans les bandes des­si­nées. On se rap­proche de ces planches des années de guerre, du Tin­tin des pre­miers albums. Les décors très pré­sents, sont soi­gnés, détaillés et habillent avec brio les vignettes.
La mise en cou­leurs de Fanny Benoit pri­vi­lé­gie les teintes sobres qui reflètent l’atmosphère pesante qui régnait.
Un album qui remet en mémoire les diverses péri­pé­ties vécues au niveau du peuple avec une intrigue forte por­tée par un couple de héros dans un cadre inha­bi­tuel pour eux.
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Une BD de Spirou pour raconter la Shoah aux jeunes
Dans ce train, Spirou croise un Hollandais, qui lui permet de comprendre l’ampleur de la situation.
« L’idée de se sauver ne vient pas à Spirou », insiste le dessinateur avant d’ajouter que « ce sont les autres qui lui inspirent cette idée. Il écoute ceux qui l’entourent. Heureusement, on croise dans notre vie des gens lucides qui nous éveillent. Ça ne pouvait pas venir de Spirou, car c’est un jugement d’adulte, de gens un peu éclairés. Spirou est tellement ingénu. Il n’a pas de préjugé raciste. On découvre le monde à travers lui. Il nous renvoie à nous-même et nous permet de nous demander ce que nous aurions fait pendant la Seconde Guerre mondiale. »
En échappant au train pour Auschwitz, Spirou sauve deux enfants. L’instant est héroïque, suivi par un moment de doute, où l’on croit l’un des deux enfants morts.
« C’est toujours pour coller au réalisme », précise Émile Bravo, qui voulait aussi aller avec cette scène à l’encontre des clichés du genre.
« Plonger d’un train en route dans une rivière, c’est assez courant en BD. Ce qui me faisait rire, c’est qu’une rivière, ce n’est pas forcément très profond. La scène est dramatique, mais il y a aussi de l’humour. »
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"On ne peut pas l’envoyer à Auschwitz": une BD de Spirou pour raconter la Shoah aux jeunes 
"Émile Bravo, qui a consacré près d'une décennie à cette ambitieuse et bouleversante évocation des heures sombres du XXe siècle, veut "faire écho à notre monde d’aujourd’hui", marqué par le retour du nationalisme. "Grâce à Spirou, cette histoire ne disparaîtra pas des librairies. Quand on te donne un personnage comme ça, il vaut mieux raconter quelque chose de fort, qui transmette quelque chose qui aide à se construire. C'est important, plutôt que d’utiliser Spirou pour raconter une nouvelle aventure. Il y en a déjà tellement..."
Si les super-héros américains ont souvent été utilisés dans le cadre de récits graves, les personnages de la BD franco-belge sont le plus souvent restés extérieurs aux grands événements du monde. En cela, le Spirou d'Émile Bravo n’est pas le Spirou que l’on connaît. Dans ce monde plus sombre, plus violent, les personnages inventés par Franquin - comme Zorglub - n’existent pas. "Je ne reprends pas Spirou", précise Émile Bravo. "Je fais l’avant-Spirou. C’est un peu différent. J’explique l’humanité de ce personnage qui était apparu un peu brutalement dans les premiers albums."
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Spirou : L’Espoir malgré tout et bientôt le dénouement
"Dans la Belgique sous le joug de l’occupation allemande, les mois et les années passent au rythme des convois de déportation et des amis arrêtés et massacrés... Une spirale de violence qui emporte Spirou, ballotté entre candeur et volonté de lutter contre l’injustice, et son ami Fantasio dont l’attitude frise souvent l’inconscience et la bêtise. Ces deux personnages que tout oppose sont les témoins de la magistrale fresque d’Émile Bravo sur la Seconde Guerre mondiale abordée du point de vue de l’enfance." 
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Spirou, l’espoir malgré tout #3
"Tous publics, tour à tour hilarante, terrifiante et bouleversante, cette série condense à la fois des questionnements essentiels, des valeurs fortes et une parfaite narration de bande dessinée. Une grande, très grande œuvre." 
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"Spirou", le groom de l'hôtel Moustic, né en 1938, et devenu aventurier après-guerre. 
"Que se passe-t-il dans la tête de Spirou ?
C’est aussi la question que se pose depuis plusieurs années Émile Bravo qui, en 2008, dans Le Journal d’un ingénu, se demandait pourquoi et comment le jeune groom des années 1930 était devenu après-guerre l’aventurier intrépide qu’on connaît. Eh bien, c’est la guerre, justement, qui nous l’a changé. La guerre et l’amour ! Spirou retrouvera-t-il la jeune juive polonaise qu’il a connue dans la Belgique occupée ? Rien n’est moins sûr. La quête sera longue. Émile Bravo termine en ce moment le 4e volume de L’Espoir malgré tout.
’’J’essaie de rendre Spirou très philosophe face à la mort et la brutalité. Si mon héros de BD doit montrer l’exemple, ce n’est pas dans la manière de se comporter pendant une guerre, mais dans la façon dont il faut tout faire pour que la guerre n’advienne pas. Émile Bravo ’’
Émile Bravo lâchera Spirou en 1945, quand commence la première histoire longue du personnage, Il y a un sorcier à Champignac, dessiné par Franquin."