La Croix L’Hebdo : Il semble que vous appréciez
mettre en scène de jeunes héros aux prises avec des questionnements sur
le sens de la vie, comme ceux des Épatantes Aventures de Jules, ainsi que des figures légendaires qui se heurtent au mur de la réalité, dans Les Contes des 7 ours nains.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le personnage de Spirou, reporter
idéaliste vivant des aventures à la lisière du fantastique, et pourquoi
avoir voulu le confronter à la Seconde Guerre mondiale ?
Émile Bravo :
J’ai eu envie de m’interroger sur l’évolution de la personnalité de
Spirou. Il naît en 1938 sous les crayons de Rob-Vel. Mais la publication
de ses aventures s’arrête lors de la guerre. Le jeune groom maladroit
des débuts devient un intrépide aventurier lorsque André Franquin le
reprend en 1947. Comment et pourquoi ? Pour répondre à ces deux
questions, j’ai imaginé une première histoire, Le Journal d’un ingénu
(2008), éveil de l’enfant qu’est encore Spirou, employé d’un hôtel
bruxellois où se déroulent des négociations internationales secrètes, en
1937. Il y tombe amoureux d’une jeune Polonaise juive. La tétralogie L’Espoir malgré tout aborde sa construction à travers un traumatisme, celui du conflit de 1939-1945.
La Seconde Guerre mondiale revient souvent dans vos albums. Trente ans avant Spirou. L’Espoir malgré tout,
vous avez passé un an, après avoir obtenu le bac, à travailler sur une
bande dessinée qui raconte l’histoire d’un orphelin allemand à la fin de
la guerre. Est-ce une obsession ?
É. B. : Cela
me choquait beaucoup, étant enfant, de voir, sur les photos de la fin
de la guerre, tous ces enfants enrôlés dans la Wehrmacht. Je me
demandais comment j’aurais vécu cela. Cette question m’obsède depuis
l’enfance. Très tôt, j’ai pris conscience de la réalité que recouvrait
la Seconde...
La suite ICI ou en commandant la revue papier du 21 mai 2022
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