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samedi 10 avril 2021

Le nouveau Bravo en 3 mots

Suite à l''interview donnée au journal Spirou n° 4321

Extrait du site du Journal de Spirou

Après nous avoir livré, dans le journal Spirou, 5 mots comme autant de portes d'entrée vers "Un départ vers la fin", troisième volet de L'espoir malgré tout, Émile Bravo vous révèle en exclusivité pour Spirou.com 3 mots supplémentaires !

INGÉNU : Malgré toutes les horreurs autour de lui, Spirou va encore rester ingénu un certain temps... Il faut se replacer dans le contexte : certes, la Belgique est occupée, il ne mange pas à sa faim et voit bien que ses libertés sont restreintes. Mais Spirou se comporte comme la plupart des gens l'ont fait à cette époque : il cherche avant tout à survivre. Ce qui fait qu'il ne voit par exemple pas que la résistance s'organise autour de lui. Il faut dire qu'en 1942-1943, la résistance était encore perçue par la population comme une réalité abstraite. De plus Spirou est trop jeune pour être concerné par le STO – le Service du travail obligatoire, qui obligeait les hommes à partir travailler en Allemagne, ce qui les poussait à se rebeller et prendre le maquis. La réalité de l'oppression nazie, Spirou la vit avant tout à travers Félix et Felka, ses deux amis juifs à qui il porte secours. C'est toutefois dans Un départ vers la fin que notre ingénu va comprendre que l'innocent spectacle de marionnettes qu'il anime avec Fantasio sert à d'autres fins...

 


NAZIS : J'ai parfois l'impression que certains auteurs de bande dessinée, même en voulant dénoncer le nazisme, restent graphiquement fascinés par son imagerie, avec tous ces emblèmes, ces insignes et ces uniformes. C'est un piège que nous a légué le nazisme... C'est pour cette raison que je préfère représenter la soldatesque nazie par un trait charbonneux et ombré, qui apporte une pesanteur froide, inquiétante, et me permet d'évoquer la perception qu'en avaient les populations qui subissaient leur joug. Graphiquement, je traite les soldats comme du matériel de guerre... Ils sont du matériel de destruction, où l'humanité disparaît derrière l'uniforme.

 


IGNORANCE : Je suis persuadé que le totalitarisme est engendré par l'ignorance qui génère le repli sur soi et la peur de l'autre. La culture permet de se connaître soi-même, de s'émanciper pour ne pas se laisser désigner de bouc émissaire, comme le furent les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, les migrants aujourd'hui ou qui sais-je demain. En résumé, l'Histoire, c'est nous... Il faut donc se confronter à notre passé pour se comprendre et éviter de reproduire ce qu'il y a de pire en nous. C'est bien beau d'être humaniste, mais encore faut-il savoir pourquoi on l'est. C'est au fond ce que raconte mon Spirou.


 

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