Source Ligne Claire le blog BD de Jean Luc
Truc
Spirou, enfant adoptif, de Bravo, un père attentif
Quand
on annonçait il y a a peu la sortie
(et les qualités) du Spirou d'Emile Bravo il n'était pas attendu si
vite en visite dans la région. Comment donc résister à la tentation de
lui consacrer une nouvelle note pour annoncer qu'il sera
bientôt à Montpellier ? On ne résiste pas. En avant la musique.
Émile Bravo qui sera en dédicace samedi 17 mai chez Azimuts a eu du courage. En racontant les débuts de Spirou, le petit groom, et de Fantasio, le reporter "people" il prenait un risque. Il a signé sans décevoir un album qui désormais offre un vrai passé, intelligent et surprenant, impossible à réécrire à un personnage mythique.
Quand à la fin des années trente un petit groom devient le héros d'un journal belge pour enfants personne ne se serait douté que soixante-dix ans plus tard Spirou serait encore un personnage incontournable de cette BD qui a désormais pignon sur rue et s'offre le luxe d'avoir conquis sa place sur le marché de l'art moderne.
Avec Spirou, Le Journal d'un ingénu que signe Émile Bravo chez Dupuis au dessin et au scénario on sait enfin pourquoi Spirou est Spirou, le nom de l’hôtel où il est groom, que son meilleur ami est Spip l'écureuil qui a une conscience, que Fantasio est un reporter en mal de scoop, que Spirou plaît aux filles, les embrasse et qu'en prime il aime la liberté et la démocratie. Avec un dessin dans la ligne de Rob-Vel premier dessinateur en 1938 de Spirou Émile Bravo, dont l'album qu’il a illustré Ma Maman est partie en Amérique, un vrai bonheur a été primé à Angoulême cette année, a avec talent, humour et beaucoup d'idées donné sa carte d'identité à Spirou.
On est dans une Belgique qui devient pour l'occasion en 1939 la plaque tournante des tractations qui vont aboutir au dépeçage de la Pologne et à la seconde guerre mondiale. Le tout avec des références tout à fait volontaires au vrai héros de l'époque un certain Tintin reporter qui des culottes de golf. Sans oublier des bases historiques évidentes qui n'alourdissent en rien le scénario bien au contraire. Et puis Spirou va être amoureux comme on l’est adolescent d’une soubrette qui n’a pas froid aux yeux. Seccotine avant l’heure ?
L'action est bien menée par Bravo. Il respecte le côté nostalgique et a su apporter sa propre vision de cet ingénu de rouge vêtu et qui le restera ensuite avec Franquin, sommet jamais vraiment revisité par un dessinateur hormis par Tarrin avec son récent Tombeau des Champignac.Le pari pour Bravo était osé, voire difficile car on sort avec son album du simple cadre de la jeunesse du héros qui sera selon Fantasio «le plus ridicule avec son costume rouge de tous les héros présents et à venir». Bravo a su séduire avec intelligence. Son découpage et son trait y sont aussi pour beaucoup. Pudique, souriant, émouvant, Bravo a désormais Spirou pour fils adoptif. On ne pouvait choisir un meilleur père.
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