jeudi 14 janvier 2010

Entretien avec Emile bravo sur Klare lijn international...

Entretien du 28-05-2008 par Klare Lijn:
le site: Klare Lijn International

Avec Le journal d’un ingénu , Emile BRAVO nous offre certainement le plus réussi des volumes publiés jusqu’à présent dans la collection « Une aventure de Spirou et Fantasio par… ». La critique et le public ne s’y sont pas trompés en réservant un accueil plus qu’enthousiaste à cette bande dessinée.

Il est vrai que sa pertinence, son intelligence, sa finesse, sa justesse, son humour, son ironie, sa qualité graphique, sa narration maîtrisée… font de cette bande dessinée une totale réussite qui peut être appréciée de 7 à 77 ans. En offrant un passé et une vraie psychologie à Spirou, en apportant des éclaircissements à plusieurs zones d’ombres du personnage, Emile BRAVO a créé un album qui va faire date et qui met la barre vraiment très haut pour les futurs repreneurs du célèbre groom. Faut-il aller jusqu’à dire comme certains qu’il a créé le seul Spirou qu’il fallait faire ? On peut le penser mais n’anticipons pas et laissons les autres auteurs en lice nous prouver leur capacité à créer un Spirou aussi inventif et à apporter leurs visions personnelles du personnage.

Avec ce Spirou, Emile BRAVO, déjà bien connu pour la qualité de ses travaux en solo ( notamment Les épatantes aventures de Jules et ses récits pour enfants) ou avec son complice Jean REGNAUD (Les aventures d’Alexis Strogonov ou le très émouvant Ma maman est en Amérique…), confirme son statut d’auteur majeur de la bande dessinée contemporaine.

Compte tenu des liens qui unissent l’auteur à la ligne claire franco-belge, un entretien s’imposait. Je vous laisse le découvrir en remerciant Emile BRAVO pour sa gentillesse et sa disponibilité.


Klare Lijn International : A la lecture de votre Spirou, j’ai ressenti - et je pense que de nombreux amateurs de ligne claire ont eu la même impression – comme le sentiment d’une réparation par rapport à l’injustice qui avait frappé CHALAND lorsque les responsables de Dupuis l’avaient interrompu dans ses différents projets de Spirou dans les années 80.

Emile BRAVO : C’est vrai. J’avais appris cette affaire quelques années après et j’avais trouvé cela terrifiant. Comment est-ce qu’on avait pu entraver CHALAND dans ses projets ? Comment est-il possible que Le groom vert de gris ne soit jamais sorti ? Les premiers crayonnés étaient magnifiques. L’idée était excellente. Je trouve ce qui est arrivé à CHALAND vraiment dommage.

KLI : En me replongeant dans Les Inachevés de CHALAND publié par Champaka, j’ai d’ailleurs relevé pas mal de similitudes entre Le groom vert de gris et votre Journal d’un ingénu qu’il s’agisse du contexte historique du récit, du cadre retenu avec le Moustic Hôtel, des personnages avec la présence d’Entresol et l’arrivée de stars dans l’établissement…

EB : Il y a de cela effectivement de ça mais j’ai vraiment fait ce Spirou pour répondre avant tout à ces questions qui me taraudaient quand j’étais gosse et qui sont reprises en quatrième de couverture. Il est certain que CHALAND a eu de l’influence sur moi. Quand j’ai commencé, je trouvais son style merveilleux. Ce décalage entre son graphisme et le propos, c’était hallucinant ! C’était la première fois que je voyais un truc aussi fort et en même temps très accessible. Pour moi, CHALAND, c’est avant tout Le Jeune Albert qui était l’un de mes livres de chevet . Je suis moins convaincu par Freddy LOMBARD même s’il y a des chefs d’œuvre dans cette série. La Comète de Carthage, c’est magnifique mais c’est aussi une bande dessinée très très esthétique. Je me dis qu’il faut être initié pour comprendre cet album. Je pense à ces lecteurs qui ne connaissent pas la BD, qu’il faut amener à la BD.

KLI : Je trouve qu’il y a effectivement du Jeune Albert dans les bagarres d’enfants de votre Spirou qui rappellent d’ailleurs celles de votre ouvrage C’était la guerre mondiale paru chez Bréal. Il y a de la méchanceté, une certaine forme de cruauté qu’on ressent également chez CHALAND.

EB : Oui sauf que dans Le Jeune Albert, c’est beaucoup plus psychologique notamment pour le personnage d’Albert.


KLI : Votre dessin, quand vous débutez en bande dessinée, est quand même très influencé par celui de CHALAND.

EB : Oui. Quand j’ai commencé, j’avais un trait qui s’apparentait au sien. J’aimais bien ses pleins et ses déliés. Mais je n’étais pas assez graphiste. C’est pour cela que peu à peu, je me suis détaché de ce trait qui était quelque part très beau, très esthétique mais qui enlevait une certaine liberté. En côtoyant en atelier les auteurs de la "nouvelle vague" comme TRONDHEIM, SFAR, BLAIN,…je me suis rendu compte qu’il y avait une liberté, une énergie dans leurs créations. Le problème du graphisme de CHALAND, c’est qu’on sentait, par exemple, une jouissance chez lui à faire un décor travaillé alors que pour moi, c’est vraiment secondaire. J’essaye de me concentrer beaucoup plus sur le récit.

KLI : Est-ce que vous avez eu l’occasion de rencontrer Yves CHALAND ?

EB : Malheureusement, je n’ai pas eu cette chance. En plus, c’est dommage car cela aurait pu se faire. Quand j’ai fait mon Atomium, les gens du Comptoir Magic Strip à Paris, rue Froment, allaient chercher des planches chez CHALAND et ils voulaient me le présenter. Et puis il est mort…

KLI : C’est vrai que finalement, vous débutez votre carrière au moment où la sienne se termine tragiquement.

EB : C’est terrible ça ! C’est peut-être d’ailleurs pour cela que j’ai continué à faire de la ligne claire pendant un temps. Je me disais « non, non, ce n’est pas possible, il ne peut pas disparaître comme cela, il faut occuper le créneau, ce décalage entre le dessin et le récit ». Je trouvais ça assez fantastique et je me suis bloqué dessus pendant quelques années.


KLI : C’est vrai que si l’ on se penche sur votre dessin, on peut observer une nette évolution depuis vos premières bandes dessinées, Ivoire, Biélo, Kino. Au départ, votre graphisme était très lisse et puis progressivement, surtout entre Kino et Tamo, avec le premier Jules, il devient moins net, moins…comment dire ?

EB : Plus libre en fait. Avant je travaillais sur calque, j’utilisais un pinceau, je faisais mes pleins et mes déliés, je dessinais sur de grands formats… Et puis ensuite, en voyant les autres dessinateurs autour de moi, la liberté qu’ils avaient, je me suis dit « non, non, il faut aller vite ! ». En plus, tout le monde me le disait quand je faisais des dédicaces. Je dessinais très vite et cela apportait beaucoup plus d’énergie à mon trait. Je me suis dit qu’ils avaient raison et en entamant Tamo, j’ai décidé qu’il fallait que je me libère, que j’aille directement sur le papier, que je ne passe pas de temps sur le dessin, sur l’encrage, le côté pénible.

KLI : Votre encrage est devenu très particulier avec un côté un peu charbonneux dans le trait.

EB : C’est mon feutre-pinceau qui n’est pas chargé d’encre. En fait, ce qu’on voit, c’est le grain du papier. Cela va vite, ce sont des coups de pinceaux posés. Tac ! Tac ! Quand on ne s’attarde pas sur le dessin, on ne sent pas le labeur et c’est beaucoup plus fluide. C’est là où il y a quelque chose de beaucoup plus agréable et en tout cas de moins statique.



KLI : Finalement comment qualifier votre dessin ? Ligne claire lâchée ?

EB : Oui, c’est ça. Sachant que pour moi la ligne claire ce n’est pas une définition graphique. Il me semble que dans ses entretiens avec Numa SADOUL, HERGE affirme que, pour lui, la ligne claire ce n’est pas qu’un graphisme mais un dessin épuré au service de la narration. Je me souviens que cela m’avait marqué quand j’étais adolescent. J’étais tout à fait d’accord. Textes et image sont indissociables.

KLI : Je partage votre avis. Je dis souvent que la ligne claire, c’est raconter une histoire clairement et proprement et il me semble en effet que vous cherchez cette clarté dans vos créations.

EB : C’est vraiment cela l’écriture de bande dessinée. Comme je le dis souvent, c’est une forme d’écriture mais graphique. Pour moi, Maus d’Art SPIEGELMAN, c’est de la ligne claire. C’est tellement fluide, tellement parfait. Cela va à l’essentiel et puis c’est accessible au grand public parce que ce n’est pas un trait compliqué. C’est pareil avec Marjane SATRAPI, avec son dessin qui vient de sa culture orientale. Beaucoup parlent de l’influence de David B mais en fait son trait, ce sont les miniatures orientales. C’est très accessible. C’est très simple.

KLI : Qu’est-ce qui fait que le jeune Emile Bravo quand il débute en bande dessinée choisit la ligne claire pour s’exprimer ? Parce que vous aimiez le classicisme en bande dessinée, une certaine esthétique du dessin… ?

EB : Cela a vraiment commencé par le côté esthétique. Mais le classicisme était aussi très important pour moi. Je me rendais compte à l’époque et je continue d’ailleurs à le penser aujourd’hui qu’en fait, c’est un trait qui est accessible à tout le monde, à l’ensemble des lecteurs et pas simplement les lecteurs de BD. Tout le monde, dans sa vie, a au moins ouvert un Tintin et sait lire une BD avec ce trait classique. En fait, ce sont des codes de lecture hyper simples.

KLI : Le côté universel de la ligne claire.

EB : Oui, c’est vraiment cela. Absolument.

KLI : Si on entre dans le détail, vous êtes plutôt HERGE, plutôt FRANQUIN période 55-60 ?

EB : Bien évidemment, j’ai toujours apprécié l’œuvre d’HERGE. Mais j’aime aussi effectivement la fantaisie des créations de FRANQUIN dans les années 50. Esthétiquement, au niveau du graphisme, je préfère de loin cette période à celle des années 60-70 qui me paraît déjà trop caricaturale, où l’on part dans le style gros nez, où l’on retrouve plus le même trait élégant. C’est pareil pour les récits. Je préfère ses premières histoires. A mon avis, FRANQUIN, c’est vraiment le jeune rebelle qui au sortir de la guerre, à 20 ans, a eu envie de ruer dans les brancards, d’exprimer quelque chose et cela se sent.

KLI : En vous écoutant, je perçois une nette différence entre votre approche de la bande dessinée et celle des auteurs de la génération précédente, les auteurs de la ligne claire des années 80. Vous êtes indéniablement plus préoccupé de narration que de beauté graphique. J’en veux pour preuve que vous n’œuvrez pas énormément dans l’image proprement dite, la publicité, l’illustration, l’affiche...

EB : Oui. Je me souviens d’ailleurs que c’est la première chose qui m’a préoccupé quand on m’a commandé Ivoire dans la collection Atomium (réédité depuis aux éditions de la Pastèque). Je me suis dit que 30 pages, ce n’était pas beaucoup mais qu’il fallait raconter quelque chose, qu’il fallait densifier contrairement à beaucoup d’albums où les dessinateurs utilisaient des pleines pages, des doubles pages et développaient un travail vraiment esthétique.


KLI : Est-ce que vous éprouvez une légitime fierté de figurer au catalogue de cette collection Atomium ?

EB : Oh oui ! Carrément ! Imaginez, je devais avoir 25 ans et j’étais dans la même collection que CHALAND, CLERC, TORRES ! J’aimais d’ailleurs beaucoup TORRES. Je me sentais très proche de son approche du récit d’aventures. Sa série Roco VARGAS m’attirait beaucoup. C’était fantastique. D’ailleurs, je m’étais même rendu en Espagne pour le rencontrer.

KLI : J’imagine que créer un Spirou est également une grande fierté. Comment Le Journal d’un Ingénu a t-il vu le jour ?

EB : En fait, ce Spirou s’est fait très naturellement. Lorsque les gens de DUPUIS sont venus me demander de créer mon Spirou en me donnant carte blanche, la collection n’existait pas encore, l’idée m’est tout de suite venue de leur dire : « écoutez, si je fais un Spirou, il est certain que je ne ferai pas un album dans la continuité de ce qui a été fait jusqu’à présent mais par contre, si cela ne vous dérange pas, j’aimerais faire l’avant Spirou ». Ils ont trouvé mon idée tout de suite très intéressante. Et puis j’ai continué à leur parler de ma vision du récit, que ce serait bien d’avoir une histoire qui influe sur la grande Histoire, d’utiliser le côté gaffeur de Fantasio en lui faisant commettre la plus grosse gaffe du Monde… Tout de suite, cela les a fait rire et je me suis dit que cela devait être finalement de bonnes idées.

KLI : Les éléments constitutifs du Journal d’un ingénu vous sont donc venus rapidement. La création chez Emile BRAVO est toujours aussi facile ou parfois plus laborieuse ?

EB : Pour Spirou, je savais globalement où je voulais en venir. Mais je cherche toujours à m’étonner quand je crée un récit. Si cela vient tout de suite, je me dis que c’est trop évident. On prend vraiment du plaisir en s’étonnant. Des fois, cela demande un petit peu de temps. En moyenne, pour Spirou, j’arrivais à créer deux pages par jour. Vous savez, il faut vraiment se concentrer sur l’orientation d’une page, sur tous les dialogues et il ne faut pas dire n’importe quoi.

KLI : J’ai été surpris d’apprendre que votre Spirou avait été dessiné en 4 mois seulement.

EB : J’essaye d’aller vite et de réaliser une planche par jour. Sachant que le travail de conception, en amont, ce que j’appelle l’écriture m’a pris deux mois. L’écriture est déjà dessinée. C’est ce qu’on peut voir dans la version souple éditée par Dupuis pour les journalistes. C’est comme cela que cela sort en fait de ma tête !

KLI : Vous produisez donc un premier jet qui mêle déjà textes et dessins.

EB : Je ne peux pas faire autrement. En fait, quand je trouve les situations, je les joue. Et quand je les joue, je les dessine en même temps. Je suis dedans. Je suis en transe !



KLI : C’est ce que vous appelez votre écriture graphique ?

EB : Exactement. Quand je crée une scène, je la vois bien et je la mets tout de suite sur le papier. Ce qu’il y a de plus important dans un récit, ce sont les expressions et les attitudes, le jeu d’acteurs. D’ailleurs je remarque que les grands dessinateurs autour de moi, ceux de la "nouvelle vague" dont je parlais précédemment sont tous de grands acteurs. Quand ils racontent des anecdotes, ils jouent les rôles des gens qu’ils ont croisés. Ce sont de vrais conteurs ! C’est pour cela que c’est drôle. Je me rends compte que lorsque je raconte des histoires, je me sens beaucoup plus à l’aise quand le dessin et le dialogue viennent en même temps plutôt que lorsque je dois décrire les scènes par écrit. Je dessine depuis tout petit. Cela a été mon premier mode d’expression comme tout le monde d’ailleurs, comme tous les enfants sauf que moi, j’ai continué. Je me souviens que tout petit, je dessinais des histoires. Dès que j’ai appris à lire et écrire, j’ai intégré le texte à mes dessins et tout cela me paraissait très logique. Et puis le dessin est un langage universel. C’est pour cela que j’aime bien aussi créer des bandes dessinées sans texte où je remplace les textes des bulles par des pictogrammes.

KLI : Est-ce que vous aimez vous entourer d’avis extérieurs quand vous créez ?

EB : Il m’arrive souvent, lorsque je veux créer, de m'isoler ou de partir avec quelqu’un qui est également dans la création. Le plus souvent, c’est Jean REGNAUD qui a toujours quelque chose à écrire. On va se retirer dans une maison de campagne, on passe notre journée à écrire chacun dans notre coin et le midi ou le soir, on se lit ce qu’on a fait, ce qui permet de voir la réaction de l’autre.

KLI : Est-ce que Jean REGNAUD, votre partenaire de création sur la série Alexis Strogonov et Maman est en Amérique ou bien vos collègues d’atelier sont intervenus sur votre Spirou ?

EB : Non. Pas du tout.

KLI : Faire du rétro pour votre Spirou, c’était un choix d’emblée ? Sans connotation péjorative, je trouve que votre bande dessinée a un côté vieillot très agréable avec notamment cette mise en couleurs un peu datée.

EB : Cela ne m’a pas vraiment coûté. J’utilise les mêmes codes pour Jules. Et puis, pour ce Spirou, l’ambiance rétro liée au contexte historique ne me dérange pas car je me sens très à l’aise dans cette époque là. Mais pour moi, ce n’est pas très différent de Jules. Dans Jules, la toile de fond est scientifique. Là, elle est historique mais ça garde toujours un petit côté humaniste dans le propos.

KLI : Je trouve qu’on n’a pas suffisamment insisté sur la couverture vraiment très réussie du Journal d’un ingénu. Elle est vraiment d’une rare élégance par son minimalisme et sa clarté.

EB : J’en ai marre du ghetto BD. Je veux que tout le monde lise de la bande dessinée, qu’on sorte des codes BD. Je veux montrer que c’est un livre. Pour cela, il faut que la couverture soit quelque chose d’assez simple, de vraiment concis. Voyez en littérature, le titre, c’est très important. Pour nous, écrivains graphistes qui nous exprimons aussi avec le dessin, c’est le tout, le titre et l’image qui comptent et il faut apporter une sobriété qui appelle le lecteur et pas simplement le lecteur BD. Il faut sortir de la couverture pleine page, toujours très chargée, souvent illisible pour celui qui ne lit pas de bandes dessinées.

KLI : Pour quelqu’un qui ne fait pas beaucoup de pub, cette couverture est vraiment percutante !

EB : Vous savez, de la publicité, j’en ai fait pas mal dans les années 80. J’ai d’ailleurs commencé comme illustrateur. Je faisais de la pub très ligne claire. A l’époque, cela marchait bien au niveau de l’illustration. Il y avait du travail pour tout le monde notamment pour ceux qui dessinaient ligne claire. Mais je ne réalisais pas de grosses campagnes comme les a faites CHALAND.

KLI : Derrière l’esthétique rétro de votre Spirou, il y a un ton très moderne mais qui ne tranche pas avec la série. Vous savez doser juste ce qu’il faut.

EB : Je suis un garçon bien élevé qui sait se tenir et bien se comporter ! J’essaye d’être accessible à tout le monde. La BD a évolué Le langage a évolué. En fait, c’est bien d’introduire ce qu’on ne pouvait pas se permettre avant car il y avait censure.

KLI : On sent quand même dans le ton de votre Spirou que vous êtes moins dans l’ironie, la parodie que CHALAND.

EB : En fait, je pense surtout être moins cynique. Je crois certainement plus dans l’homme. Il se peut que j’aie tort mais je n’arrive pas à faire autrement. C’est peut-être lié à mon éducation judéo-chrétienne…

KLI : Suite à plusieurs relectures de votre bande dessinée, je note que vous prenez un malin plaisir à truffer votre récit de pas mal de détails qu’on ne découvre pas forcément à la première lecture.

EB : Vous savez, quand j’écris mes histoires, je cherche toujours les différents degrés de lecture et il y a effectivement pas mal de choses qui sont dissimulées. Quand j’étais au Lycée, j’adorais les explications de textes. J’aimais fouiller dans un texte pour savoir ce que voulait exprimer son auteur. Je me souviens avoir été surpris lorsque vers 12-13 ans, mon professeur m’a expliqué pour la première fois que l’auteur avait en fait voulu signifier des choses dans son texte, qu’il fallait replacer le propos dans son contexte historique, que telle phrase avait un sens caché… Je trouvais ça génial, plein de codes. Quand j’ai commencé à créer mes récits, je ne me suis donc pas gêné pour ajouter des codes dans la narration mais aussi dans le graphisme puisque le dessinateur a la chance de pouvoir également jouer là-dessus. C’est drôle et très riche.

KLI : Le choix d’un travail sur quatre bandes avec de petites cases était une évidence pour vous ?

EB : J’ai été élevé avec ça. Quand je lisais Tintin, Spirou…c’était du quatre bandes alors je ne vois pas pourquoi je ferais du trois bandes. En fait, je sais très bien pourquoi un dessinateur fait du trois bandes. Beaucoup disent : « oui comme ça, c’est plus aéré ». C’est surtout parce que cela va plus vite, que ça permet de réaliser des pages plus rapidement et de gagner plus facilement de l’argent ! Je le dis en plaisantant mais il y a du vrai là-dedans. En ce qui me concerne, j’aime quand le récit est dense et je n’aime pas les cases gratuites. HERGE disait cela d’ailleurs et je l’avais retenu. S’il y a une case verticale, c’est qu’elle sert à quelque chose, qu’on a besoin de montrer une hauteur. Il faut utiliser les cases vraiment à bon escient.

KLI : La taille de la case limite aussi la taille des décors et recentre sur la représentation des personnages.

EB : Bien sur. Il y a cela aussi. Puisque mon propos, c’est plus récit, ce n’est pas la peine d’avoir des décors. Encore une fois, le décor est nécessaire quand il s’agit de présenter quelque chose sinon ce n’est pas utile. Quand on observe les décors de Tintin, on peut souvent remarquer qu’il n’y a pas de décor derrière et c’est tant mieux. C’est pour cela que c’est aussi très lisible. Si on commence à chaque case à tout dessiner, cela peut parasiter la lecture.

KLI : J’ai été particulièrement frappé par l’énergie qui se dégage de vos personnages. Si je prends par exemple cette scène de la deuxième bande de la planche 19 où Fantasio, fuyant Spirou qui le poursuit, fait brusquement volte-face à la vue d’Entresol, pour tomber dans les bras de celui qui le pourchassait. Quel rythme ! On dirait presque du dessin animé.

EB : Ca, c’est FRANQUIN. Il m’a appris le mouvement. C’est fantastique comme les dessins de FRANQUIN bougent si on les compare à ceux d’HERGE qui sont bien sur très réussis mais qui sont beaucoup plus statiques. Les dessins de Franquin sont vraiment animés. C’est vraiment une écriture animée.


KLI : L’apparition de Fantasio en bas de planche 8 est également très réussie. Il y a une ambiance, un jeu d’acteur, on se croirait presque dans Le troisième homme

EB : J’ai écrit tout le récit en pensant à To be or not to be de LUBITSCH. C’est un film superbe. J’adore les comédies dramatiques, , les cinéastes qui me font rire et pleurer à la fois, CHAPLIN, Mario MONICELLI…

KLI : Avec ce type de références, j’en viens à me demander si vous n’êtes pas quelque part un grand nostalgique ?

EB : En fait, j’ai grandi avec des parents très âgés qui m’ont apporté leur culture, celle des années 30, 40, 50 et cette culture là, elle fait partie de moi.

KLI : Je suis un peu surpris par vos liens avec la « nouvelle bande dessinée » parce que je vous trouve quand même plus dans le classicisme que dans les expérimentations de L’association.

EB : Oui bien sur mais l’Association devait exister pour apporter d’autres codes. Grace à eux, on est sorti de la bande dessinée complètement sclérosée des années 80-90. A l’époque où l'Association s’est créée, on ne pouvait rien faire, il n’y avait aucune liberté. Les gens qui s’occupaient de la BD étaient hyper sectaires. En plus, c’était de la bande dessinée pour adolescent attardé, la BD de cul,… D’ailleurs, je considère que tous les vieux classiques sont beaucoup plus murs que toute cette BD pour adultes dont on nous a tannés pendant des années. Avec l’Association, une autre bande dessinée est arrivée, celle que je préfère, beaucoup plus mure, peut être plus élitiste mais qui a donné des créations comme Persepolis qui a touché tout de suite un lectorat qui n’est pas le lectorat habituel de la bande dessinée. Je trouve ça vraiment intéressant. Et puis, vous savez, à l’Association, ils aiment eux-aussi CHALAND.

KLI : En effet, Jean-Christophe MENU est un grand admirateur de CHALAND.

EB : C’est clair. Je lui disais dernièrement que le problème de l’Association c’est peut-être de ne pas avoir également voulu faire de la jeunesse. Il fallait continuer de parler aux enfants mais d’une autre façon, de la même façon qu’eux se sont adressés aux adultes avec de nouveaux codes. Il fallait montrer aux enfants qu’il y avait une autre bande dessinée intelligente pour eux. C’est du moins mon avis.

KLI : C’est vrai que dans vos différentes créations, vous manifestez toujours un attachement à la jeunesse. C’est une vraie constante dans votre travail.

EB : C’est lié à mon enfance. Je ne peux pas me dissocier de cela. Cela m’a apporté beaucoup et j’ai envie de faire passer quelque chose.


KLI : J'imagine que c'est pour cela que vous oeuvrez aussi beaucoup dans l'édition jeunesse, chez Bayard notamment.

EB : J'aime bien travailler pour l’édition jeunesse car je cherche avant tout à toucher les enfants. Je déplore vraiment qu’il y ait un tel fossé entre le monde de la bande dessinée et le monde de la jeunesse. C'est pour cela que j’essaye de créer des passerelles, de relier les deux univers. D'ailleurs, au niveau graphique, je trouve que l'édition jeunesse est souvent plus intéressante que la bande dessinée.

KLI : J'en parlais avec Olivier SCHWARTZ dans un entretien publié sur ces pages. Il est manifeste que les auteurs pour la jeunesse ne sont pas suffisamment reconnus alors qu’il y en a vraiment de très talentueux. Des créateurs comme Marc BOUTAVANT par exemple.

EB : Marc travaille dans mon atelier ! A mon avis, c'est le meilleur illustrateur que l’on ait actuellement. Il est connu et reconnu aux Etats-Unis, en Angleterre, au Japon... comme étant un très grand. Sa bande dessinée Ariol est fantastique mais c’est méconnu. Quand je regarde ses illustrations, je reste cloué. J’adore son travail. On n’en parle pas assez.

KLI : Qui cotoyez vous actuellement dans votre atelier ?

EB : Des illustrateurs essentiellement : Delphine CHEDRU, ma coloriste qui est également illustratrice jeunesse, Christian BRUN et des jeunes illustrateurs. Nous ne sommes que trois à faire de la BD en plus de l'illustration : Manu BOISTEAU qui travaille beaucoup pour Bayard, Marc BOUTAVANT et moi.

KLI : Finalement, on peut dire que vous chercher à dépasser les frontières du milieu un peu fermé de la bande dessinée ?

EB : Exactement. Je participe depuis trois ans au Jury du festival Quai des Bulles de Saint Malo récompensant des scénaristes. On essaye de faire découvrir des gens et ce n’est pas évident. Lors de la dernière édition, avec Etienne DAVODEAU qui est lui aussi très intéressé par ce qui se passe à côté, nous avons remis un prix à Bruno HEITZ, un très grand dessinateur et conteur qui n'est malheureusement pas vraiment compris par le monde de la bande dessinée car son dessin sort des codes BD, parce qu'il met également son talent au service de l'illustration, de la littérature jeunesse... Je considère que la bande dessinée devrait s'inspirer de la richesse de l'édition jeunesse. Il faut ouvrir le milieu de la bande dessinée ! Il faut que cela bouge !

KLI : Pour toucher un nouveau public.

EB : Autour de moi, vous savez, tous mes amis ne lisent pas de BD. Quand ils lisent mes livres et me disent après qu’ils trouvent ça bien, je prends un malin plaisir à leur faire remarquer qu’ils viennent de lire de la bande dessinée ! Je dis souvent aux éditeurs qu’ils ne sont pas très ambitieux parce qu’ils s’arrêtent à leurs dizaines ou centaines de milliers de lecteurs - qui font certes tourner une industrie – alors qu’il y a quand même des millions de lecteurs dans ce pays. Je suis désolé mais c’est quand même dommage d’être ghettoisé à ce point et de ne même pas avoir accès aux librairies généralistes. C’est dur !

KLI : C’est aussi le problème des espaces exclusifs que sont libraires spécialisés dans la bande dessinée.

EB : Il y a cela aussi. L'essentiel de mon public ne va pas dans les librairies spécialisées. Mon public est familial et il ne va pas dans ces lieux là.

KLI : J'imagine que vous vous inscrivez totalement dans la nouvelle formule du journal Spirou portée par Frédéric NIFFLE ?

EB : Je connais Frédéric depuis très longtemps. Il est graphiste à la base et a toujours été intéressé par l’illustration. Il veut apporter du sang neuf, un nouveau regard. Je sais qu’il avait été vraiment conquis par l’aventure de Capsule Cosmique portée par Gwen de BONNEVAL et Stéphane OIRY qui allaient chercher des auteurs dans le milieu de l’illustration. Il y avait là un souffle nouveau et Frédéric NIFFLE essaye de faire connaître tous ces gens dans Spirou. Il va le faire progressivement mais je trouve que le nouveau Spirou est déjà mille fois plus intéressant que l'ancien. La nouvelle maquette est vraiment réussie. Les couvertures d’Hugo PIETTE pour le premier numéro étaient vraiment superbes. La Galerie des illustres, cette rubrique où l'on va essayer de faire connaître des auteurs qui ne sont pas des auteurs Dupuis, est vraiment excellente.

KLI : Vos travaux pour la jeunesse éparpillés dans diverses publication seront-ils un jour compilés pour le bonheur de vos admirateurs qui sont peut-être passés à côté de beaucoup d'entre eux ?

EB : Je ne sais pas. En tout cas, rien n'est prévu pour l'instant. Peut-être qu’un jour, on en fera quelque chose.

KLI : J'observe que dans vos bandes dessinées orientées vers la jeunesse, vous ne développez jamais un ton trop enfantin.

EB : J’ai appris avec cette bande dessinée. Quand je ne savais pas lire, mon père me lisait mes albums. Comme cela lui plaisait de les lire, je me disais : « chouette, cela n’a pas l’air si nul que ça, cela n’a pas l’air d’être uniquement pour les enfants ». Puis je le voyais rire à des passages pour lesquels je ne comprenais pas pourquoi il riait. Je me disais : « c’est génial, il y a un mystère là-dedans ». Et puis cela créait de la complicité entre nous. C’est pour cela que j’ai toujours trouvé la bande dessinée intergénérationnelle vraiment magique. Pour moi, c’était cela avant tout la grande richesse de la BD, ces différents niveaux de lecture. Cela a quand même été créé d’abord pour les enfants mais cela peut aussi parler aux adultes.

KLI : L’album emblématique c’est peut-être Les bijoux de la Castafiore avec différentes perceptions à différents âges.

EB : Je vois pourquoi vous dites cela. C’est un huit clos aussi. C’est un très grand album. C’est clair.

KLI : A ce sujet, quel est votre album ligne claire préféré ?

EB : J’avoue que j’ai un petit faible pour Tintin au Tibet parce qu’il y a une pureté là-dedans.


KLI : Dans votre Spirou, il y a bon nombre de références à Tintin. Vous n’avez pas eu de problèmes avec les responsables des Studios HERGE ?

EB : Non. Pour moi, c’est vraiment un hommage. Finalement qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai transposé Spirou dans le réel en me disant qu’un jeune garçon des années 30 connaissait vraisemblablement Tintin. En plus, je me suis dis que Spirou avait été très certainement élevé chez les Jésuites, qu’il lisait donc le Petit XXème qui devait être en circulation et qu’il devait donc s’identifier à Tintin. Il n’y avait pas beaucoup de héros à qui s’identifier à cette époque là en Belgique. En fait, je fais référence à Tintin en tant que personnage de bande dessinée comme nous le connaissons. Et Spirou, quand il s’habille en Tintin, il le fait complètement inconsciemment. Quand il achète ce pantalon de golf, il le fait sans se rendre compte que cela va faire de lui un Tintin.

KLI : Il n’y a pas de Tintin en préparation de votre côté ?

EB : Vous savez bien qu’on ne peut pas y toucher et puis même si on me le proposait, je ne le ferais pas. C’est toucher l’œuvre d’un auteur. A ce sujet, je trouve que les éditeurs se trompent souvent sur la définition d’une bande dessinée. C’est encore trop relié au dessin alors que, comme je vous le disais, pour moi, c’est avant tout une écriture graphique.

KLI : Il était bien pourtant question que vous repreniez Blake et Mortimer à un moment avec Joan SFAR ?

EB : Oui mais je vais vous expliquer la chose. En fait, Joan et moi, on voyait ce qui était fait et on souhaitait montrer que c’était vain de reprendre ces personnages, que c’était une parodie de l’œuvre de JACOBS. Surtout moi parce que Joan a moins lu Blake et Mortimer quand il était petit. Du coup, on aurait fait un Blake et Mortimer pour montrer en fait qu’il était vain de faire cela. Une sorte de sabordage.

KLI : De sabotage ?

EB : Oui mais pas vraiment non plus. C’était une histoire superbe. C’était vraiment une façon de dire : « ce sont des personnages qui appartiennent à une époque, qui appartiennent à leur auteur, fichez leur la paix ! ». Aujourd’hui, ils sont trop en décalage par rapport à notre siècle. Encore une fois, c’est l’opéra de papier de JACOBS et c’est tout.


KLI : Et des bandes dessinées parodiques et satiriques dans le ton de Swartz et Totenheimer, « d’après les personnages d’Adolph HITLER », vous allez en refaire ?

EB : C’était justement pour aller le plus loin possible dans la parodie que je me suis permis de dessiner cette histoire pour le magazine Ferraille.

KLI : Vous aimez ce type de création un peu plus violent que ce que vous faites habituellement ?

EB : Oui, j’aime bien. Pour moi, Swartz et Totenheimer, ce n’est pas gratuit. Je me disais que ce serait drôle si au lieu d’avoir été créés par un belge, Blake et Mortimer l’avaient été par un vrai nazi. Avec Joan, on voulait mettre Blake et Mortimer en conflit parce qu’on sent bien parfois qu’ils n’ont pas vraiment le même point de vue. Dans notre récit, Blake collaborait avec un scientifique nazi juste après la guerre et Mortimer, avec son éthique, n’était pas d’accord. Quand Ferraille m’a sollicité, j’ai pensé à cela en me disant qu’on pouvait aller effectivement beaucoup plus loin en prenant pour postulat que, pour s’entendre entre eux, le scientifique et le militaire devaient être nazis tous les deux. Ensuite l’idée de les faire évoluer dans un camp d’extermination m’est venue tout logiquement.


KLI : En quoi votre Spirou peut-être différencié d’une reprise ? Le fait que le héros soit déjà passé entre plusieurs mains ?

EB : Il y a cela déjà mais aussi le fait qu’il puisse être considéré comme un produit parce que Spirou, c’est avant tout la mascotte du Journal qui porte son nom. Mon propos au départ était de dire que je ne voulais pas m’inscrire dans le travail de FRANQUIN, faire une reprise du travail de FRANQUIN parce que l’univers de la bande dessinée souffre beaucoup d’idolatrie. C’est jamais très bon l’idolatrie ! Il me paraissait que la seule chose intéressante à faire avec SPIROU, c’était de s’inscrire dans l’avant FRANQUIN.

KLI : Pour boucher un vide et apporter des éclairages sur le passé du personnage ?

EB : Exactement. Je suis d’ailleurs étonné d’être le premier à y avoir pensé !

KLI : On ne peut donc pas comparer votre reprise à celles de Blake et Mortimer par exemple.

EB : Cela n’a rien à voir. Pour moi Blake et Mortimer, c’est JACOBS. C’est vraiment une œuvre, des personnages de JACOBS alors que Spirou par FRANQUIN était déjà une reprise. C’est finalement ça la grosse différence. Pour moi reprendre JACOBS, c’est comme reprendre HERGE, cela n’a pas de sens. Je trouve vain de raconter l’avant Blake et Mortimer parce que la seule personne qui aurait pu raconter cela, c’était JACOBS. Ce qui n’est pas le cas pour le personnage de Spirou.

KLI : Vous donnez encore plus de détails sur le passé de notre groom préféré dans le récit publié dans le numéro du 70ème anniversaire du Journal Spirou. On peut d’ailleurs regretter a posteriori qu’il n’ait pas été repris avec le Journal d’un Ingénu.

EB : J’en ai parlé avec l’éditeur. Je trouvais que c’était hors propos car c’était juste un petit préambule autour du nom de Spirou. Mais peut-être qu’il sera publié un jour.


KLI : L’accueil critique réservé à votre Spirou est très favorable. J’imagine que c’est également une réussite d’un point de vue commercial ?

Je suis vraiment étonné par l’engouement des lecteurs mais je suis bien évidemment aux anges. C’est ça mon but, toucher un maximum de lecteurs. Ce n’est vraiment pas pour gagner de l’argent ! C’est pour ce soit lu et pour donner une autre idée de la bande dessinée. Je pense que les gens ont des a priori parce qu’ils pensent que la bande dessinée se résume à une certaine forme de bande dessinée. Je suis vraiment heureux d’entendre des libraires me dire qu’ils sont contents que mon Spirou se vende bien parce que cela montre qu’il existe une autre forme de bande dessinée.

KLI : Vos prochains projets ?

EB : Il faut que je m’occupe de Jules, mon enfant à moi, parce que cela fait plus de deux ans, que je n’ai pas travaillé sur cette série. En fait, j’ai une idée pour Jules. Tant que je n’ai pas l’idée, je n’attaque pas. Il faut toujours laisser murir. Et puis j’ai proposé à Dupuis de donner une suite à mon Spirou parce qu’après le Journal d’un Ingénu, c’est la guerre, l’occupation, une période qui m’a toujours passionné. Je vais laisser reposer tout cela en essayant de garder la tête froide.

KLI : Le Journal d’un Ingénu ne sera donc pas, pour reprendre ce terme barbare, un « one-shot ».

EB : Non, il y aura un « second-shot » !

KLI : Un Jules et un Spirou dans la foulée, beau programme ! On a hâte de les découvrir !

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